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Épargne: quels livrets ouvrir pour votre enfant?

Près de 57 millions de Français possèdent un livret A (image d'illustration).

Près de 57 millions de Français possèdent un livret A (image d'illustration). - DENIS CHARLET © 2019 AFP

En cette Semaine de l'éducation financière, RMC Conso vous liste les livrets qu'il est intéressant d'ouvrir pour votre enfant.

À l'occasion de la Semaine de l'éducation financière, une étude réalisée par Mon Petit Placement a montré que 9 Français sur 10 parviennent à mettre de l'argent de côté chaque mois.

Une pratique qu'il est également important de systématiser auprès de vos enfants dès leur plus jeune âge, voire dès leur naissance. RMC Conso vous détaille quels types de livrets il est intéressant d'ouvrir pour vos enfants.

Le livret A

Pour vos enfants, "l'ouverture d'un livret A à leur naissance reste encore une pratique courante", affirme à RMC Conso Philippe Crevel, directeur général du Cercle de l'Épargne.

Alors qu'il était à 3% pendant deux ans, le taux du livret A est passé à 2,4% le 1er février dernier. Pour autant, "il demeure compétitif pour les épargnants", nuance-t-il.

En effet, "il a un plafond assez élevé de 22.950 euros, ses intérêts sont exonérés d'impôts et il est proposé par toutes les banques y compris celles en ligne", explique à RMC Conso Anna Meylecq, porte-parole du comparateur Panorabanques.

Concernant la disponibilité des fonds, jusqu'à 16 ans, le mineur peut retirer les fonds à tout moment avec l’autorisation du représentant légal et après ses 16 ans, il peut le faire seul.

Le contrat d'assurance vie

Cependant, il est important "de diversifier vos placements", conseille Philippe Crevel. Vous pouvez ainsi vous tourner vers un contrat d'assurance vie, un contrat d'épargne à souscrire auprès d'une assurance.

"Un support plus dynamique, selon lui. Les taux varient selon les assureurs, ils sont compris entre 2,6% et jusqu'à 4%."

Comme le livret A, vous pouvez l'ouvrir dès la naissance de votre enfant car il est pertinent pour financer des projets à moyen et long terme (études, logement...). Le capital n'est jamais bloqué, vous pouvez effectuer des retraits sans limite de montant mais dans un délai moyen de deux jours.

L’assurance-vie se distingue par un cadre fiscal avantageux. Vous bénéficiez d’un abattement annuel de 4.600 euros (9.200 euros pour un couple marié) sur les gains générés si votre contrat a plus de huit ans.

Pour le retrait des fonds, jusqu'aux 18 ans de l'enfant, c'est le représentant légal qui en assure la gestion.

Le livret de développement durable et solidaire (LDDS)

Autre livret intéressant à ouvrir pour votre enfant: le livret de développement durable et solidaire ou LDDS, qui a un taux de 2,4%, comme le livret A.

Il présente les mêmes avantages qu'un livret A: il est exonéré d'impôts et les fonds peuvent se retirer à tout moment.

Vous avez aussi le droit d'en ouvrir qu'un seul et le plafond maximum des dépôts s'élève, en revanche, à 12.000 euros. De plus, il n'y pas de limite d'âge. Les versements et retraits sur le LDDS sont libres.

Le livret jeune

Ensuite, il existe le livret jeune. Le principal avantage, c'est que son taux d'intérêt ne peut pas être inférieur au livret A (2,4%) et il peut "même être mieux rémunéré" que celui-ci. Les banques fixent librement la rémunération du livet jeune, avec "des taux de 0,25% à 0,5% de plus que le livret A", détaille le directeur général du Cercle de l'Épargne.

Comme le livret A, il est également complètement défiscalisé. Le livret jeune est aussi cumulable avec le livret A.

Néanmoins, à l'inverse du livret A ou du contrat d'assurance vie, vous ne pourrez pas l'ouvrir à la naissance de votre enfant mais seulement à partir de ses 12 ans. Autre contrainte: le livret jeune est plafonné à 1.600 euros.

"Il permet d'apprendre à gérer un premier apport", assure Anna Meylecq. "C'est un produit simple qui permet de ne pas trop mettre en jeu et d'apprendre à mettre de côté. Ce serait bête de ne pas leur en faire profiter", poursuit Philippe Crevel.

Sur la disponibilité des fonds, avant 16 ans, les mineurs doivent obtenir l'autorisation de leur représentant légal pour effectuer des retraits. Entre 16 et 18 ans, les retraits sont possibles sauf si le représentant légal s'y oppose. À partir de 18 ans, il est possible d'effectuer des retraits seul.

Le plan épargne logement (PEL)

Dans la même logique qu'un contrat d'assurance vie, le plan épargne logement ou PEL peut être ouvert "pour financer sur le long terme la future accession à la propriété de votre enfant", pointe le directeur général du Cercle de l'Épargne.

Les avantages, c'est qu'il n'y a pas de condition d'âge, qu'il est cumulable avec le livret A et le LDDS et que le plafond est assez élevé, à hauteur de 61.200 euros.

Mais il reste "moins intéressant et avec un rendement faible", d'après Philippe Crevel. Le taux d'intérêt est de 1,75% pour les livrets ouverts avant le 1er janvier 2025. "Un taux qui a baissé par rapport à 2024, où il s'élevait à 2,25%", ajoute la porte-parole de Panorabanques. De plus, les intérêts perçus sont soumis à l'impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux.

Les fonds peuvent être retirés à tout moment, mais jusqu'aux 18 ans de l'enfant, c'est le représentant légal qui assure la gestion du compte. Attention, retirer les fonds d'un PEL a pour effet de le clôturer.

Le compte épargne logement (CEL)

Dans la continuité du PEL, vous pouvez ouvrir également un compte épargne logement ou CEL. L'atout de ce livret, c'est qu'il permet d'épargner avec plus de souplesse que le PEL. En effet, l'argent reste disponible et après 18 mois d'épargne, vous pouvez demander un prêt immobilier ou un prêt travaux. Il n'y a aussi pas de limite d'âge.

Pour autant, son taux d'intérêt, de 1,5%, est moins intéressant que le PEL et son plafond est également plus faible: 15.300 euros. À cela s'ajoute le fait qu'il est soumis à l'impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux. Sur la disponibilité des fonds, ce sont les mêmes règles qu'un PEL.

Quid des produits plus risqués?

Comme le souligne Philippe Crevel, "à partir de 10-13 ans, les enfants commencent à avoir une vision plus économique et il est possible de les faire aller vers des produits plus risqués".

"Les supports sans risques ont des rendements plutôt faibles comparés aux actifs risqués qui permettent de viser un rendement largement supérieur", analyse auprès de RMC Conso Marc Tempelman, co-fondateur de Cashbee, une plateforme d'épargne et d'investissement. D'où l'intérêt de "commencer le plus tôt possible pour s'autoriser plus de risques, car l'horizon de placement est plus long", justifie-t-il.

Philippe Crevel et Anna Meylecq suggèrent ainsi les comptes titres qui permettent d'investir dans des titres financiers (actions, obligations). Leurs taux dépendent de la bourse.

"Ces comptes vont apprendre aux enfants les différents titres et leurs fluctuations, avant d'entrer dans les mondes plus complexes de la cryptomonnaie ou du bitcoin", indique le directeur général du Cercle de l'Épargne.

Dans cette même logique, le co-fondateur de Cashbee propose également de se tourner vers les fonds actions monde (européens ou américains), les fonds euros stock, le CAC 40 ou encore les fonds obligataires.

En parallèle de ces comptes, il est conseillé de constituer à vos enfants une épargne de précaution, moins exposée aux marchés financiers.

L'importance de l'éducation financière

Ouvrir un livret d'épargne pour votre enfant, c'est une bonne chose, mais faire de la pédagogie autour c'est encore mieux. "Il faut les associer tôt, car les habitudes prises quand ils sont jeunes seront ensuite bien ancrées à l'âge adulte", assure Marc Tempelman.

Les deux conseils les plus importants, selon lui, c'est "la régularité avec une somme fixe à mettre de côté tous les mois et l'automatisation avec des prélèvements automatiques pour éviter les oublis", explique-t-il.

Plus globalement, il faudrait "élever la culture financière des Français". En effet, "c'est une population très prudente et qui manque de confiance". Cette éducation devrait commencer dès l'école. "Certains cours comme les maths et les sciences économiques peuvent être illustrés par des exemples de la vie quotidienne", avance le co-fondateur de Cashbee.

Et celle-ci devrait également se poursuivre au sein des familles. "Le tabou de l'argent persiste encore, il faudrait en parler plus ouvertement. Vous aiderez vos enfants à mieux comprendre et ainsi à mieux les préparer à la vie future", conclut-il.

Emma Forton