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Une start-up vous propose de régler des achats en ligne avec... de vieux objets d'occasion

Paiement en ligne (illustration)

Paiement en ligne (illustration) - Pexels

L'entreprise espagnole Ealyx arrive en France. Elle propose un nouveau système de paiement qui repose sur l'économie circulaire et la seconde main. Explications.

Imaginez que vous puissiez payer un achat en ligne non pas avec votre carte bancaire, mais avec un objet que vous avez chez vous et dont vous ne vous servez plus: c'est l'idée derrière Ealyx, une entreprise barcelonaise née il y a un peu plus d'un an.

Cette nouvelle solution de paiement, présentée au NRF'25 Retail's Big Show Europe à Paris, est pour l'instant essentiellement déployée sur des sites de e-commerce espagnols, mais sera proposée prochainement sur des sites de e-commerce français.

Comment fonctionne-t-elle, a-t-elle une chance de s'implanter dans le e-commerce français et présente-t-elle un vrai intérêt pour les consommateurs? RMC Conso vous explique.

Payer grâce à un objet d'occasion

Le système, au premier abord, est on ne peut plus simple: vous souhaitez vous offrir un objet neuf sur un site de e-commerce, mais votre budget ne vous le permet pas. Ealyx vous propose de financer tout ou une partie de cet achat via la revente d'un objet d'occasion. L'originalité de ce service est qu'il est intégré directement à la méthode de paiement.

Ainsi, lorsque vous passez au paiement sur la plateforme de e-commerce, on vous propose non seulement les modes de paiement classiques, Visa, Mastercard, GooglePay, etc. Mais aussi un mode de paiement appelé EalyxPay, qui vous invite à renseigner ce que vous avez à vendre et à indiquer son état. Étape suivante, EalyxPay vous indique le montant estimé de la reprise de votre objet et vous donne une adresse à laquelle l'envoyer.

Vous devez ensuite payer votre achat en trois mensualités: la première mensualité est à payer immédiatement. Les deux autres pourront être annulées une fois l'objet repris réceptionné par l'entreprise, si le montant de la reprise couvre ces deux autres mensualités. S'il ne les couvre pas, il suffira de régler la différence et s'il les dépasse, vous serez remboursé. À condition, bien sûr, qu'EalyxPay valide que l'état de l'objet correspond bien à ce que vous aviez renseigné.

Pol Karaso, fondateur d'Ealyx contacté par RMC Conso, nous donne un exemple concret:

"J’achète un nouveau smartphone d’une valeur de 1000 euros et je souhaite vendre mon ancien ordinateur portable estimé à 300 euros. Je peux payer 700 euros et différer les 300 euros restant pendant 30 jours. Cela me laisse le temps d’envoyer mon ancien produit. Lorsque nous le recevons et confirmons sa valeur, nous annulons ces 300 euros. Si pour une raison quelconque le client n’envoie pas son produit, ce n’est pas grave: au bout de 30 jours, les 300 euros qu’il n’a pas payés au départ lui seront facturés."

Objets high-tech, électroménager, vélos...

Pour le moment, EalyxPay reprend essentiellement des objets high-tech (téléphones, tablettes, montres connectées...) mais ambitionne d'ouvrir les reprises à tous types d'objets (jeux, vêtements, articles de sport, etc).

"Les clients peuvent revendre parmi plus de 2.000 produits que nous rachetons. Actuellement, nous proposons principalement des smartphones, tablettes, montres connectées, PC, ordinateurs portables, et nous ajoutons de plus en plus de produits électroniques tels que petit électroménager, vélos, articles de mode haut de gamme, etc," détaille Pol Karaso.

Ce dernier nous confirme par ailleurs qu'Ealyx est en cours de déploiement chez les premiers commerçants français, qui devraient proposer le service dans quelques semaines.

Cette innovation s'inscrit dans les tendances de consommation actuelles, qui voient la seconde main exploser, aussi bien pour les achats que pour la revente: 85% des Français ont déjà revendu un produit d'occasion. Le reconditionné est également de plus en plus répandu, il concerne aujourd'hui un téléphone sur cinq utilisé en France.

La reprise d'objets, pratique de plus en plus répandue

D'ailleurs, si l'intégration au système de paiement est effectivement novatrice, la reprise, par des commerçants, d'objets d'occasion avec contrepartie n'est pas tout à fait nouvelle.

De plus en plus de géants du commerce, dans divers domaines, la proposent. H&M reprend les textiles usagés en l'échange d'un bon d'achat, FNAC-Darty reprend les livres, jouets, électroménager et objets de high-tech également contre un bon d'achat, Atol reprend les vieilles lunettes, etc.

Les opérateurs de téléphonie mobile, mais aussi les vendeurs de téléphones reconditionnés, font également des offres de rachat d'anciens téléphones lors de l'acquisition d'un nouveau smartphone.

Là où Ealyx se distingue de ces services existants, c'est dans sa volonté de faire de ces reprises d'objets une véritable monnaie d'échange. Avec toutefois quelques limites.

Un service onéreux

La première, c'est le coût de ce service. Dans la mesure où Ealyx déduit le montant de la reprise du prix du nouvel achat avant même l'envoi de l'objet repris, c'est un crédit qui est fait au client: si l'objet n'est jamais envoyé, Ealyx a la possibilité de débiter le montant sous formes de mensualités. Ce que propose Ealyx, c'est donc bien un mini-crédit, qu'il fait payer très cher: trois euros par mensualité, soit neuf euros pour trois mensualités, à ajouter au prix de l'achat.

Par ailleurs, l'estimation de l'objet repris est réalisée uniquement via une déclaration de la part du client sur l'état de l'objet: état correct, bon état, très bon état... Si l'entreprise, à réception de l'objet, estime que l'objet n'est pas dans l'état que vous aviez déclaré, elle peut annuler la reprise ou revoir le montant à la baisse, unilatéralement.

"Si l’objet n’est pas dans l’état indiqué en ligne, mais que nous souhaitons tout de même l’acheter, nous faisons une seconde offre au client en lui expliquant pourquoi. Le client peut accepter ou refuser cette nouvelle offre. S’il l’accepte, la transaction se finalise avec la nouvelle valeur. S’il la refuse, il récupère le produit qu’il voulait vendre," explique Pol Karaso.

"Dans tous les cas, le nouvel achat et la demande de reprise sont des commandes indépendantes, donc le client peut annuler une commande sans que cela affecte l’autre."

Un système qui peut donc mener à quelques déceptions... Finalement, Ealyx est un genre d'Easy Cash (le leader français de l'achat-vente de produits d'occasion) directement intégré aux sites de e-commerce. L'avantage, pouvoir coupler deux transactions, l'achat d'un produit neuf et la revente d'un produit d'occasion, en une seule fois, et sans multiplier les intermédiaires. Un service intéressant, mais facturé malgré tout très cher.

Charlotte Méritan