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Bas salaires: faut-il forcer la main aux patrons sur les augmentations?

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Le sujet de la rémunération pourrait de nouveau être abordé en France dans les prochaines semaines. Le président de la République estime que les Français manifestent plus pour cela que pour les retraites.

La question des bas salaires revient sur la table des négociations, alors que le président de la République lie la question des salaires aux retraites. "Il faut entendre ce que nous disent nos compatriotes qui manifestent sur ce sujet, qui n’est pas celui des retraites, mais du travail qui doit payer", avait-il lancé fin mars lors de sa dernière interview télévisée.

C'est ainsi l'un des chantiers auxquels veut s'attaquer le gouvernement. En pleine contestation contre la réforme des retraites, certains syndicats dénoncent une diversion, mais reconnaissent un réel problème: de plus en plus de salariés peinent à boucler les fins de mois.

"C'est un sujet urgent, mais ce n'est pas un sujet à la place de la réforme des retraites"

Aurélien Boudon, secrétaire national du syndicat Solidaires, est également convaincu que les sujets des salaires et des retraites sont "intimement liés" et salue que le débat soit ouvert sur ce sujet. "La retraite, c'est du salaire socialisé, différé, mais c'est du salaire", estime-t-il.

"On ne va pas cracher dans la soupe, il y a une urgence sur ce sujet, il y a surtout un problème de répartition des richesses dans notre pays. C'est un sujet urgent, mais ce n'est pas un sujet à la place de la réforme des retraites", nuance-t-il par rapport à la position du président de la République.

Selon lui, les mesures incitatives ne sont pas suffisantes, et il faut passer par la contrainte pour que les salaires de tous soient augmentés dans le pays. Soit la contrainte au niveau d'une entreprise par une grève, soit une contrainte légale.

"Les bonnes intentions, on n'y croit pas du tout", résume le leader de Solidaires, illustrant le climat de défiance dans lequel se trouve la France aujourd'hui.

Comme des milliers de Français, Sarah, 37 ans et mère célibataire, touche trop pour prétendre aux aides et pas assez pour vivre de façon confortable. Elle se sent prise à la gorge, notamment au moment de faire ses courses alimentaires. "Je ne vais pas pouvoir partir en vacances, ça fait mal de ne pas pouvoir répondre aux attentes de ses enfants et de dire tout le temps qu'on ne peut pas."

Pour répondre à ce type de cas, le leader de Solidaires Aurélien Boudon a une solution très simple qu'il compte mettre sur la table des négociations: des augmentations de 400 euros net pour tous.

Indexer les salaires sur l'inflation?

Une mesure très simple réclamée par de nombreux camps politiques, et appliquée dans de nombreux pays européens, comme la Belgique: l'indexation des salaires sur l'inflation. Mais il y a un hic. "Comme le Smic est lui revalorisé en fonction de l'inflation, certaines branches, dans lesquelles ce n'est pas le cas, se retrouvent avec des salaires inférieurs au salaire minimum", illustre Aurélien Boudon.

En effet, en mars 2023, 86 branches sur les 171 plus importantes que compte le pays ont des salaires inférieurs au Smic, contre 136 au 1er janvier dernier, selon les données du ministère du Travail.

Benoit Serre, vice-président de l'association nationale des DRH, rappelle tout de même sur RMC que les salaires ont augmenté de 4.8% en moyenne en France en 2022, même si ça reste moins que l'inflation. Il confirme qu'au niveau européen, on a des salaires "plutôt plus bas" en France, mais rappelle un avantage que d'autres n'ont pas: "Dans certains pays, il n'y a pas autant de protection sociale".

"Ça fait qu'à protection sociale comparable, on est à peu près dans la moyenne, ce qui ne signifie pas qu'on est trop haut par ailleurs", reconnaît-il.

J.A.