Réforme des retraites: ce qu'il faut retenir de l'interview d'Emmanuel Macron
Une entrée en vigueur "d'ici la fin de l'année"
Emmanuel Macron attend le verdict du Conseil constitutionnel sur la réforme des retraites, mais vise une entrée en vigueur avant la fin de l'année 2023.
"Ce texte va poursuivre son chemin démocratique. Il a donné lieu à 175 heures de débat. Il faut maintenant attendre que le Conseil constitutionnel se prononce et c'est à l'issue de cette décision que j'aurai à promulguer un texte. Il faut que ça rentre en vigueur d'ici la fin de l'année."
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Pas de légitimité pour la foule: "On ne peut accepter ni les factieux, ni les factions"
Emmanuel Macron assure que ses propos sur la "foule" qui n'a pas de "légitimité" permettent de "clarifier". "Nous sommes une grande nation et un vieux peuple qui se dote de responsables qui ont une légitimité politique, le président et les parlementaires. Il y a une légitimité qui existe. Les syndicats ont une légitimité quand ils défilent, opposés à la réforme, je respecte leur point de vue et c'est protégé par la constitution. Quand des groupes utilisent l'extrême violence pour agresser des élus de la République, parlementaires ou maires, quand ils utilisent la violence sans règle parce qu'ils ne sont pas contents, ce n'est plus la République. On ne peut accepter ni les factieux ni les factions.
Emmanuel Macron "entend la colère" mais veut le "retour à une vie normale" au plus vite. "L'ordre républicain c'est celui que je souhaite. On ne tolérera aucun débordement. On fera en sorte qu'une vie la plus normale possible puisse reprendre face à quelques-uns qui bloquent l'activité", tacle-t-il.
"Aucun compromis proposé par les syndicats"
Emmanuel Macron maintient que la réforme des retraites est indispensable. "Cette réforme est nécessaire", "il n'y a pas 36 solutions", selon le président. Emmanuel Macron regrette qu'"aucune force syndicale n'a proposé de compromis" au projet de réforme des retraites. "On aurait pu nous dire, 'peut-être 63 ans et demi, moins longtemps' mais on nous a dit, 'aucune réforme'", déplore le président de la République.
A contrario, il salue le travail d'une partie des oppositions qui a pris le sens des responsabilités: "La majorité au Sénat, qui n'est pas de la majorité présidentielle, a enrichi ce texte, l'a modifié et adopté quelque chose qui va dans le même sens".
Prêt à "endosser l'impopularité"
"Est-ce que vous pensez que ça me fait plaisir de faire cette réforme? Non", explique Emmanuel Macron. C'est "l'intérêt supérieur de la nation", selon le président. "Nous devons avancer. Je vous le dis en responsabilité: je ne cherche pas à être réélu. Entre les sondages et le court terme, et l'intérêt général du pays, je choisis l'intérêt général du pays. Et s'il faut derrière endosser l'impopularité aujourd'hui, je l'endosserai", assure-t-il.
"La réforme qu'on fait est très difficile. On demande un effort aux gens, ce n’est jamais populaire. On n'est pas concurrencé sur le sens des responsabilités, on n'est pas beaucoup aidé. J’assume ce moment parce qu’il permet les autres. Ce qu’on a fait ces derniers mois, c’est ce que je veux continuer."
Une erreur, "ne pas avoir réussi à convaincre"
A là question: "N'avez-vous commis aucune erreur?", le président de la République Emmanuel Macron concède une chose: "De pas avoir réussi à convaincre (sic)".
"Mais en même temps, je constate qu'il y a aussi une tendance dans nos démocratie à vouloir s'abstraire du principe de réalité. Ca c'est aussi sans doute les conséquence de la situation après le Covid", justifie-t-il.
Le souhait d'une "contribution exceptionnelle" sur les profits des entreprises
Emmanuel Macron dénonce le "cynisme" de certaines "grandes entreprises" qui ont dégagé d'importants bénéfices exceptionnels leur permettant de racheter leurs propres actions en Bourse, et leur demandant "une contribution exceptionnelle" pour que "les travailleurs puissent profiter" de cet argent.
Confiance maintenue pour Elisabeth Borne
Emmanuel Macron maintient sa confiance à Elisabeth Borne et lui demande d'"élargir la majorité". "Elle a ma confiance pour conduire cette équipe gouvernementale", souligne-t-il, en précisant lui avoir demandé "de bâtir un programme législatif, un programme de gouvernement (...) pour avoir à la fois moins de textes de loi, des textes plus courts, plus clairs, pour aussi changer les choses pour nos compatriotes de manière plus tangible."
Les chantiers à venir: plein-emploi, délinquance, école, santé et écologie
Emmanuel Macron annonce ses prochaines mesures pour la France. "Je vais continuer d'avancer sur un cap qui est clair: le plein-emploi et la réindustrialisation. En 2030, il faut gagner la bataille de l'industrie décarbonnée. Le 2e cap est l'ordre républicain: 200 brigades de gendarmerie vont être ouvertes partout sur le territoire. Plus de juges, plus de greffiers pour juger plus vite face à la petite délinquance. Le 3e: mieux vivre avec l'école, la santé et l'écologie. Pour l'école, je veux qu'on puisse remplacer du jour au lendemain les profs dans les classes. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Il faut répondre aux besoins de la ruralité dans le scolaire. Il y a beaucoup de chantiers car on a d'immenses ambitions."