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Produits toxiques, parfums... Comment lire les emballages de vos tampons et serviettes hygiéniques?

Cette photographie prise le 25 avril 2023, à Courseulles-sur-Mer, montre une boîte de tampons hygiéniques. (Illustration)

Cette photographie prise le 25 avril 2023, à Courseulles-sur-Mer, montre une boîte de tampons hygiéniques. (Illustration) - Lou BENOIST / AFP

Alors qu'une étude américaine pointe du doigt la composition chimique des tampons commercialisés notamment en Europe et aux États-Unis, RMC Conso s'est intéressé aux produits à fuir et aux mentions à rechercher sur les protections périodiques jetables.

Du plomb, du cobalt ou encore du mercure. Voici les différentes substances retrouvées dans la composition de certains tampons hygiéniques commercialisés en Europe et aux États-Unis. Une récente étude américaine relève la présente de 16 métaux différents dans 30 références de tampons de 14 marques. Et aucun produit n'est épargné, qu'il soit bio ou non: lorsque les tampons traditionnels présentent une forte concentration de plomb, on retrouve notamment de l'arsenic dans les produits biologiques.

Si la présence de ces métaux est avérée, pour le moment, il est impossible de savoir si ces derniers peuvent avoir un effet négatif sur la santé, expliquent les signataires de l'étude. Seules des suppositions sont émises. Mais pour se protéger a minima des potentiels effets néfastes de ces produits, il est possible de se renseigner en amont pour choisir au mieux ses protections périodiques jetables, qu'il s'agisse de tampons ou de serviettes. Explications avec Maud Leblond, directrice de l'association Règles Élémentaires, qui lutte contre la précarité menstruelle.

· Privilégier les marques qui "jouent le jeu"

C'est une obligation depuis le 1er avril, les fabricants de produits de protection intime (serviettes, tampons ou coupes menstruelles) sont sommés d'indiquer leur composition. Plus précisément, ce sont les substances et les matériaux incorporés qui doivent obligatoirement être mentionnés.

Or, si les industriels ont jusqu'au 31 décembre pour écouler les stocks déjà mis sur le marché, trois mois après l'application du décret qui entérine cette obligation, les personnes menstruées constatent que toutes les marques ne jouent pas encore le jeu.

"Parfois, rien n'est écrit [sur les emballages], c'est déjà un problème en soi", analyse Maud Leblond auprès de RMC Conso.

La directrice générale de Règles Élémentaires recommande dans un premier temps de se tourner vers des marques qui font l'effort d'afficher la composition de leurs produits. Sans quoi, il est pratiquement impossible de savoir quel type de produit on a en face de soi.

· Coton et composition simple

À ce jour, les rapports sur la composition des protections périodiques se font rares. En France, celui publié par l’Anses en 2019, un des derniers en date, fait mention de polyéthylène, polypropylène, polyester, de cellulose ou encore de colle thermofusible. Qu’il s’agisse de tampons ou de serviettes.

“De manière générale, si la liste de la composition est trop longue et affiche des noms qui semblent imprononçables, il faut s'en méfier”, ajoute Maud Leblond.

Pour la directrice générale, le manque d’études et de comparatif sur la conception de ces produits relève d’un “manque de transparence”, parfois critique pour les personnes menstruées. Mais cette problématique dépasse visiblement les frontières.

“Malgré [ce] risque potentiel important pour la santé publique, très peu de recherches ont été menées pour mesurer les produits chimiques présents dans les tampons”, a déclaré Jenni A. Shearston, l’auteure principale de l’étude américaine publiée début juillet.

Règles Élémentaires préconise aussi de se concentrer vers des produits naturels comme le coton. Il est aussi possible de se tourner vers du bambou, parfois utilisé pour les culottes menstruelles réutilisables.

· Le plus bio possible

Si le produit réutilisable que vous tenez en main affiche sa composition, Règles Élémentaires préconise de choisir un modèle le plus biologique possible.

Pour l'association, s'il est possible que la présence de métaux soit avérée dans certains produits biologiques distribués en France, comme le suppose l'étude, ces protections restent la solution la plus naturelle.

Les personnes souhaitant se tourner vers des produits biologiques peuvent donc rechercher sur le packaging l'écolabel européen, représenté par une fleur. À ce jour, ce label écologique est le seul officiel en Europe à pouvoir être utilisé dans tous les pays membres de l'Union européenne, précise l'Anses.

· Fuir les parfums

Il est aussi conseillé par les spécialistes de se détourner des protections contenant du parfum. "Ces substances représentent le premier facteur d'allergie", avertit Maud Leblond. À ce sujet, même son de cloche de la part de la DGCCRF.

"Afin de minimiser les risques associés à la présence de substances potentiellement allergisantes, optez pour des protections qui ne contiennent ni parfum, ni lotion parfumée", ajoute l'organisme gouvernemental.
Lilian Pouyaud