Hausse des prix: avancer les négociations commerciales, une idée contre-productive?

C'est la grande idée du gouvernement pour accélérer la baisse des prix: avancer les discussions annuelles entre les distributeurs et les industriels. Sauf qu'une telle mesure pourrait aboutir... à l'effet inverse.
Le projet de loi sera présenté mercredi prochain au Conseil des ministres. Outre l'hypothétique possibilité de revente à perte des carburants, le texte doit aussi avancer la date butoir des négociations commerciales annuelles au 15 janvier au lieu du 1er mars 2024. Un moyen de faire baisser les prix plus tôt puisqu'ils prendront en compte la baisse des cours de certaines matières premières agricoles.
Problème, loin d'anticiper une déflation, les distributeurs et les industriels s'attendent plutôt à faire passer de nouvelles hausses de prix dans les rayons. Les distributeurs sont favorables à négocier au plus vite les tarifs avec leurs fournisseurs, mais comme ses homologues, le patron d'Intermarché Thierry Cotillard doute que ça aboutisse à une baisse des prix dans les rayons.
“Concernant les 75 plus gros fournisseurs, un seul nous a adressé ses tarifs 2024. Et l’augmentation proposée, c’est 10%. Les échanges que nous avons avec certaines multinationales nationales nous font penser que les tarifs seront à la hausse dans des proportions, pour commencer la négo, entre 5 et 15%”, indique-t-il.
Des négociations à la hausse?
Les industriels qui fournissent la grande distribution en pâtes ou en lessive admettent qu'ils demanderont de nouvelles hausses de prix.
“Il y aura des cas de figure où il y aura +10%, d’autres où il y aura du -2%. Mais c’est sûr que globalement, on peut imaginer que ce sera de la hausse”, reconnaît Richard Panquiault qui représente les multinationales comme Ferrero ou Kellogg's.
Des hausses de prix justifiées par des coûts qui continuent à augmenter, selon le porte-parole des entreprises de produits alimentaires élaborés Jérôme Foucault. “Le sucre, le porc, le riz, les lentilles, les tomates… Nous avons encore une inflation alimentaire qui est forte”, pointe-t-il.
Les industriels du lait et de la charcuterie ont demandé à être exclus des négociations, car ils expliquent ne pas avoir les moyens de baisser leurs tarifs pour le moment.