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"Le client se fait un peu avoir": l'aveu d'un artisan qui augmente ses prix et baisse ses quantités

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Touchés par l'inflation, certains vendeurs de produits alimentaires décident de réduire les quantités vendues tout en augmentant les prix. Une pratique appelée "shrinkflation", qui n'a rien d'illégalle. Et qui permet parfois de maintenir un prix juste, comme l'explique un artisan nougatier dans "Les Grandes Gueules".

Face à l’inflation, certaines entreprises pensent avoir trouvé LA solution en faisant de la "shrinkflation". Le principe est simple: les quantités présente dans un produit sont réduites tandis que le prix, lui, augmente en raison de l’inflation.

Et en cette période d’inflation, plusieurs géants de l’industrie alimentaire sont pointés du doigt. Mardi, BFMTV a révélé les noms de certains produits pratiquant la "shrinkflation": les chips Lay's, les glaces Magnum et Carte d'Or, ainsi que Findus ou encore Doritos et Pampers, et bien d'autres encore. Une pratique exercée à des niveaux jusqu'alors inédits. En effet, les hausses de prix au kilo atteignent parfois plus de 100% du prix initial, tout en réduisant les quantités.

Cette pratique marketing est pourtant tout à fait légale. Mais a de quoi irriter des consommateurs déjà victimes de l'inflation. "Il faut afficher les prix au kilo clairement pour le consommateur, comme ça rien n'empêche de l'acheter mais on a un consommateur qui est conscient", défend ce mercredi dans "Les Grandes Gueules", Pierre, négociant en viande et charcuterie.

"Le client a toujours le même prix devant lui"

Certains artisans qui reconnaissent pratiquer la "shrinkflation" expliquent ne pas trop avoir le choix, étant eux-mêmes victimes de l'inflation. "Avant l'inflation, je faisais des barres de nougat de qualité de 135 grammes", raconte sur RMC et RMC Story Frédéric, artisan nougatier en Loire-Atlantique depuis 30 ans.

"Le sucre est passé de 67 centimes à 1,27 euro. Le blanc d'oeuf a quasiment été multiplié par 2. Les amandes et le miel ont pris 25%. Devant ça, j'ai appelé mes revendeurs et je leur ai dit que je devais augmenter de 20%. La moitié m'a dit qu'à ce prix, ils ne prendraient plus", raconte-t-il.

Devant ce refus, il décide de réduire la quantité de ses barres de 10 grammes. Des barres de 125 grammes sont désormais vendues au prix de 135 grammes: "Tout le monde continue à m'en acheter autant et au même prix, le client a toujours le même prix devant lui", défend Frédéric, qui assure avoir essayé de garder la même marge.

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Et il est gagnant. Avec 10 grammes de moins par barre de nougat, il peut faire 12 barres de plus par cuisson de huit heures, reconnaît-il. "Je ne fais pas ça pour voler les gens", ajoute Frédéric, qui estime que le client final ne s'est rendu compte de rien. "Il se fait un peu avoir de 10 grammes", concède Frédéric.

"Mon produit est revendu entre 54 et 59 euros le kilo. Si j'étais comme tous ces grands revendeurs qui vendent leur nougat 80 euros le kilo, je n'aurais rien fait. Mais depuis 30 ans, je veux être juste sur le prix. Et je suis obligé de faire jouer les quantités", justifie l'artisan nougatier.

G.D.