Les Français vont-ils se rebeller contre l'inflation?

"Nous appelons à être mobilisé et à envahir les stations-essence, les grandes surfaces, les préfectures”. Voici l'appel de Fabien Roussel, ce jeudi sur FranceInfo. Le secrétaire national du Parti communiste français a invoqué la "légitime défense" face à l'inflation.
“On se fait attaquer, racketter, voler et on ne devrait rien dire", a-t-il poursuivi.
Les prix des carburants sont remontés depuis plusieurs semaines, frôlant les 2 euros le litre en moyenne. Dans les supermarchés, toujours pas de baisse observée par les consommateurs. "Ça a pris entre 100 et 150 euros au niveau des paniers. On est obligés de demander aux enfants ce qu’ils préfèrent manger, par exemple entre un fromage et un dessert", dénonce Audrey.
Cette Française se dit même prête à rejoindre l'appel de Fabien Roussel: "Il va y avoir une bonne révolte. Je pense que les gens vont vraiment péter un câble au bout d’un moment. Moi, si ça devait péter, j'irais avec eux”.
Pour éviter de tels agissements, Fabien Roussel demande au gouvernement des mesures concrètes et efficaces pour rendre du pouvoir d'achat aux Français. Sur l'essence, il propose de "baisser les taxes, mettre en place un tarif réglementé et taxer les superprofits" des pétroliers pour "qu'ils arrêtent de se gaver sur notre dos". Ses autres propositions, le chef du PCF les a formulées à Emmanuel Macron lors de la rencontre organisée avec les chefs de partis, le 30 août dernier.
La gauche partagée
Sans s'exprimer directement sur la proposition du chef de file des communistes, Clémentine Autain a déclaré, ce vendredi matin sur RMC-BFMTV, "partage(r) la colère de Fabien Roussel", jugeant la hausse des prix "insupportable". "Le débat de fond que pose Fabien Roussel, il est le suivant: que faire dans un cadre où tous les rouages de la démocratie sont malmenés, sont totalement piétinés par le gouvernement", a-t-elle ajouté. La député LFI de Seine-Saint-Denis pointe la responsabilité de l'État.
"La question, je la pose aux macronistes: comment se faire entendre? Puisqu'ils n'entendent pas la rue, ils n'entendent pas les syndicats et ils n'entendent pas le parlement."
Le leader LFI, Jean-Luc Mélenchon, a, lui, dénoncé une "initiative violente, purement personnelle et menée dans une impréparation totale", sur X (anciennement Twitter).
Des "déclarations pour le buzz"
Les réactions n'ont pas tardé du côté des députés Renaissance. "La stratégie du désordre, je pense que ça n’a jamais été bon pour notre pays", assure Nadia Hai, député Renaissance des Yvelines.
"Bloquer des stations-service, c’est bloquer nos concitoyens", a-t-elle ajouté.
Sylvain Maillard estime lui que "les déclarations pour le buzz et pour se faire écouter n'ont aucun intérêt". Le président du groupe à l'Assemblée nationale a appelé Fabien Roussel à venir voter le budget dans l'hémicycle, là où "ça se passe" pour "améliorer le pouvoir d'achat des Français".
La proposition de Fabien Roussel inquiète également Geoffrey, boucher en Meurthe-et-Moselle: "C’est irresponsable, on a juste à regarder ce qu’il s’est passé il y a quelques mois avec les émeutes". Les conséquences pourraient être, selon lui, contre-productives. "C'est mettre de l'huile sur le feu", résume-t-il.