Comment les Français restreignent leur budget pour les vacances d'été

Vacances d'été (illustration) - RMC
La moitié des Français prévoit de partir en vacances cet été, selon une enquête réalisée par Ipsos pour l'Alliance France Tourisme, publiée mercredi 7 mai.
27% sont dans l'incertitude et demeurent flexibles dans leurs projets, ce qui démontre un certain attentisme de plus d'un quart des Français: face à un contexte politique et économique mondial instable, ces derniers préfèrent attendre la dernière minute pour réserver.
Mais on peut aussi analyser cette tendance à l'aune des évolutions culturelles et technologiques: la mode est au court séjour, que l'on peut facilement réserver à la dernière minute grâce à la multiplication des offres en ligne.
1 Français sur 4 ne partira pas
Néanmoins, le sondage met également en lumière le fait que les vacances restent un fort marqueur d'inégalités sociales: un quart des Français ne partira pas du tout cet été. Dans cette partie de la population, sont surreprésentés les habitants issus des territoires ruraux, les seniors et les personnes aux revenus modestes.
Globalement, ceux qui partiront le feront avec un budget "placé sous le signe de la maîtrise et de l'adaptation", affirme le sondage, pour un montant moyen estimé à 1.820 euros.
Un chiffre qui cache de nombreuses disparités: 31% des vacanciers comptent dépenser moins de 1.000 euros, 33% visent entre 1.000 et 2.000 euros, et seuls 16% dépasseront 3.000 euros.
Si, au regard des différents sondages publiés depuis 2022, le montant moyen semble relativement stable ces dernières années, il est fortement inférieur à la période ayant précédé la crise sanitaire: en 2019, le budget était de 2.200 euros en moyenne.
La préoccupation économique, qui pousse les Français à rogner sur leurs dépenses "plaisir" (70% pensent restreindre restaurants, shopping ou activités), peut s'expliquer par la forte inflation subie depuis 2022 (l'inflation cumulée, tous produits confondus, ayant atteint près de 13% sur trois ans).
Traumatisme de l'inflation
Si, depuis un an, celle-ci est pourtant revenue à un niveau très faible, les Français ne perçoivent pas encore ce retour à la normale et préfèrent opter pour la prudence. En atteste la très faible consommation de biens (-1% en mars 2025 selon l'INSEE, à son plus bas niveau depuis 11 ans), et, a contrario, le fort taux d'épargne (17,7% au 3e trimestre 2024).
C'est donc sur les dépenses qui ne sont pas incompressibles (contrairement au logement, ou à la nourriture) que les Français rognent. Les vacances en font partie. Les Français en réduisent par exemple la durée, ou choisissent des lieux de villégiature moins éloignés, ce qui permet de réduire les coûts. La France reste la destination privilégiée pour 68% des vacanciers.
D'ailleurs, à la lecture des sondages sur le même thème des années passées, 2024 marque un changement: alors qu'en 2022 et 2023 près de 75% des Français déclaraient partir en vacances l'été, ils n'étaient plus qu'entre 50 et 60% (selon les sondages) en 2024. Et 50% en 2025. En sortie de crise sanitaire, l'inflation était déjà présente mais les vacances étaient perçues comme sacrées après deux années de confinements successifs.
+26% la nuit d'hôtel
Autre élément d'explication: le secteur du tourisme a été fortement impacté par l'inflation. Selon le journal Le Monde, qui cite les données du cabinet MKG, le prix moyen d'une nuit d'hôtel a bondi de 26% entre 2019 et 2024. Raison pour laquelle de plus en plus de Français (39%) font le choix de la location saisonnière plutôt que l'hôtel.
Le développement des plateformes (Airbnb, Abritel...) et des solutions d'hébergement à moindre coût (échange de maison, couchsurfing...), explique aussi ce phénomène. 20% des Français trouvent une solution d'hébergement gratuit pour leurs vacances... Même si le camping séduit toujours 17% des vacanciers.