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Surtourisme, écologie, économie: faut-il interdire les courts séjours ?

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Les séjours de courte durée sont particulièrement appréciés des Français. Pourtant, leurs conséquences sur l'environnement ou la fréquentation de certaines villes posent question.

C'est un record, 43% des français ont effectué un court séjour l'année dernière, selon le baromètre Opodo 2025, soit une hausse de près de 1 point. Si ces petites escapades sont le meilleur moyen de prendre le large à moindre coût, elles provoquent également une surfréquentation dans certaines villes.

Après la crise covid, qui avait mis un coup d'arrêt au tourisme mondial, le secteur est reparti au plus fort depuis 2022, d'après l'Organisation mondiale du tourisme (OMT).

Et les vacanciers se dirigent toujours vers les mêmes destinations : selon l'OMT, 95% des touristes mondiaux visiteraient moins de 5% des terres émergées de la planète. À l'échelle de la France, 80% de l'activité touristique se concentre sur 20% du territoire.

Ce type de fréquentation apporte son lot de conséquences, à savoir un déséquilibre du marché locatif, des nuisances, des menaces pour le patrimoine et l'environnement.

Face à cet afflux, des villes ont décidé d'agir. Des quotas ont été mis en place comme dans les Calanques de Marseille. A Venise, il est désormais nécessaire de payer un ticket pour entrer dans la ville. De son côté, Barcelone a décidé il y a quelques mois de bannir les locations Airbnb d'ici 5 ans.

Des voyages utiles pour l'économie

En de telles circonstances, les courts séjours devraient-ils être bannis ? Pour certains, ces petites escapades ne sont pas problématiques, au contraire. Jean-Claude, gérant de station service, s'est rendu il y a peu à Barcelone et a senti que sa venue était appréciée. "Les Barcelonais étaient contents de nous voir, car on fait travailler les hôtels, les restaurants...", raconte-t-il sur Estelle Midi. Freiner les courts séjours entrent d'ailleurs dans un discours incompréhensible pour ce Perpignanais.

"On nous dit qu'il faut relancer l'économie et, de l'autre côté, on va nous brimer en nous disant qu'il ne faut plus voyager. C'est un double discours qui ne me convient pas", lance-t-il.

D'autant plus qu'il n'est pas toujours possible de se déplacer aux alentours. Catherine, originaire de Draguignan, dénonce les prix exhorbitants des billets de train.

"C'est bien gentil de voyager en train, mais ça nous coûte moins cher d'aller à l'étranger pour quelques jours que d'aller en train en France", affirme-t-elle.

Des escapades démocratisées

Les courts séjours se démocratisent davantage depuis quelques années. "C'est assez générationnel. On a eu il y a quelques décennies la démocratisaiton des compagnies aérienne avec les low-cost", analyse Vanguélis Panayotis, président du cabinet d'études MKG Consulting et spécialiste du tourisme.

La mobilité est également plus accessible pour la population qui a davantage envie de vivre de nouvelles expériences. "Le climat est plus anxiogène, donc les gens épargnent plus, mais parmi les dépenses qui leur font le plus plaisir c'est le voyage, c'est vraiment leur soupape pour changer d'air", ajoute l'expert.

L'économie se modifierait alors, d'après le spécialiste, qui observe qu'il est plus courant aujourd'hui d'évoquer les destinations vers lesquelles on s'est envolé plutôt que les biens que l'on possède.

En matière d'excès de fréquentation dans certaines zones, Vanguélis Panayotis assure qu'une régulation devrait s'opérer. "Celles et ceux qui ne veulent pas vivre ces expériences vont se rendre dans une destination alternative", raconte-t-il. Et d'ajouter : "les plateformes comme Booking sont en train de mettre en place des moteurs d'intelligence artificielle où on va pouvoir demander une destination pas trop fréquentée".

Mélanie Hennebique