Que sait-on du projet de "carte alimentaire" pour les plus précaires défendu par un député socialiste?

Inflation: une étiquette avec un prix pour des pâtes dans un rayon de supermarché. - Thomas SAMSON / AFP
Un dispositif qui permettrait aux Français modestes de mieux manger. "Le chèque alimentation durable", proposé par député socialiste de la Mayenne Guillaume Garot, est "un des leviers pour combattre la faim et la précarité alimentaire", selon ce dernier, joint par RMC Conso.
Sa proposition de loi Territoires zéro faim a d'ailleurs été adoptée ce mercredi par la commission des Affaires économiques de l’Assemblée nationale. Ce dispositif serait basé sur le même principe que les chèques alimentaires promis par Emmanuel Macron lorsqu’il était en campagne pour la présidentielle 2022.
Mais cet engagement n’a pas été tenu et a même été complètement exclu par le ministre de l'Économie Bruno Le Maire. “Oublions les politiques de chèques, nous n'en avons pas les moyens aujourd'hui”, avait-il affirmé le 7 janvier dernier, sur le plateau de l’émission Dimanche en politique, diffusée sur France 3.
Une proposition de loi pour les plus précaires
L'inflation a contraint une partie des Français à revoir leur alimentation. Selon une étude réalisée en novembre 2023 par Harris interactive, près de 44% des Français ont dû réduire leurs dépenses alimentaires par manque de moyens. Pire encore, 1 Français sur 6 déclare ne pas manger à sa faim, soit 10 millions de personnes, selon une enquête du Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Credoc).
"Aujourd'hui il y a 10 millions de personnes qui ne mangent pas trois repas par jour dans notre pays", insiste le député.
C’est ce constat qui a poussé Guillaume Garot à préparer cette proposition de loi baptisée Territoires Zéro Faim. Un des leviers de ce projet consiste à mettre en place un “chèque alimentation durable” qui serait en réalité plutôt une carte. Cette dernière fonctionnerait sur le même principe qu’une carte de paiement classique.
"Elle permettrait aux bénéficiaires d'acheter certains aliments soit en grande surface, soit en magasin dédié", explique-t-il.
Une carte pour inciter à mieux manger
Ce dispositif pourrait s'appuyer sur le mode de fonctionnement des cartes tickets restaurants. "Au moment du passage en caisse, certains articles pourraient être payés grâce à ce mode de paiement", détaille le député.
Cette carte alimentation durable a également un objectif incitatif. "Les bénéficiaires pourraient acheter leurs aliments en grande distribution, mais on espère mettre en place un système de bonification de la somme si ces derniers se tournent vers des produits bons pour la santé, comme des fruits et légumes ou du bio", explique l'élu.
En effet, l'inflation a contraint les Français à faire l'impasse sur leur consommation de produits frais, dont notamment les fruits et légumes. Selon le baromètre annuel de la pauvreté du Secours populaire publié en septembre dernier, près de 43% des sondés n'en consomment pas quotidiennement, faute de moyens.
"On laisse le soin aux collectivités locales d'en établir les contours"
Si ce projet de loi est adopté par le Sénat, ce sont les collectivités territoriales qui seraient chargées d'en déterminer les détails. "On laisse le soin aux collectivités locales d'en établir les contours", confirme Guillaume Garot.
"Le montant crédité chaque mois sur la carte, ainsi que les personnes qui pourraient en être bénéficiaires, seraient determinés par les collectivités. On pourrait tout à fait avoir des montants différents en fonction des territoires", détaille-t-il.
Si ce projet de loi est adopté, il pourrait alors être expérimenté dans une dizaine de territoires. "On en sélectionnerait 10, aussi bien ruraux qu'urbains, pour tester le dispositif", espère Guillaume Garot.
La proposition de loi doit maintenant être adoptée en séance publique le 29 février prochain. "Je me battrai pour que le texte puisse être débattu et obtienne à nouveau un large soutien, issu de tous les bancs républicains de l’hémicycle", promet le député socialiste.