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"Shrinkflation", "cheapflation" et "greedflation": ces méthodes commerciales qui vous trompent

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Ces pratiques commerciales sont des stratégies appliquées par les industriels pour duper les consommateurs tout en maximisant leurs profits. Elles sont fréquemment dénoncées par les associations de consommateurs.

Des pratiques qui laissent un goût amer. Shrinkflation, cheapflation ou encore greedflation, ces anglicismes désignent des méthodes marketing appliquées par les industriels pour tromper les consommateurs tout en maximisant leurs profits. Elles s'inscrivent dans un contexte où l'inflation alimentaire était encore de 5.7% en janvier dernier, selon une note de l’Insee.

Largement dénoncée par les associations de consommateurs, dont l'UFC-Que choisir, Foodwatch et 60 Millions de consommateurs, l'une d'entre elles, la shrinkflation, va bientôt faire l'objet d'un encadrement. Comme prévu par un décret publié vendredi dernier au Journal Officiel, les supermarchés auront l'obligation d'apposer une affichette sur les produits concernés par cette pratique. Cette mesure entre en vigueur dès le 1er juillet prochain.

Qu'est-ce que la shrinkflation?

Cet anglicisme est formé à partir de la contraction de deux mots, "to shrink", qui signifie "rétrécir" et "inflation. Il désigne une stratégie marketing qui consiste à réduire la quantité d'un produit, qu'il soit alimentaire ou hygiénique, tout en maintenant, voire en augmentant son tarif. Chips, couches, boissons, glaces, fromages... Aucun aliment n'est épargné.

"Parmi les produits les plus touchés, on peut citer les céréales, les barres chocolatées, les produits d’hygiène ou même du fromage", explique l'UFC-Que Choisir d'Aix-en-Provence.

Bien qu'assez difficile à documenter en raison de la disparition des anciens formats des rayons, Foodwatch a réussi à montrer des exemples de shrinkflation sur un panel de 6 produits dès 2022. Près de 150 articles ont été épinglés depuis, comme le rappelle la liste diffusée par BFMTV.

En France, la shrinkflation est largement rejetée par les consommateurs. En effet, 67% de ces derniers la considèrent comme "intolérable", selon une étude Ipsos dont les résultats ont été publiés le 12 décembre dernier. Ce chiffre est nettement supérieur à la moyenne mondiale estimée 48%.

Qu'en est-il de la cheapflation?

Née de la contraction des mots anglais "cheap", qui signifie "bon marché", et inflation, cette pratique consiste à réduire, supprimer ou remplacer un ingrédient par un autre moins cher ou de moins bonne qualité, sans réduire le prix du produit.

"La cheapflation qualifie la dégradation de la qualité d’un produit – nutritionnelle à savoir la valeur énergétique, la teneur en lipide, en protide, en vitamines ou organoleptique liée à l’aspect, au goût, à la saveur – et l’augmentation de son prix au litre ou au kilo", décrypte Foodwatch.

L'ONG a épinglé 6 produits, dont les bâtonnets de surimi Fleury Michon. La teneur en chair à poisson de ces derniers a diminué de 11% alors que le prix au kilo a gonflé de 40% entre 2021 et 2023, selon l'organisation. D'autres produits, comme le colin d'Alaska à la Bordelaise de la marque Findus, la mayonnaise Maille, les cookies Choco Sensations de Milka et d'autres encore sont épinglés.

Quid de la greenflation?

Un peu moins connu que les deux précédents, cet anglicisme est tiré du terme "greed" qui signifie "avidité" et "inflation". Concrètement, cette pratique désigne les industriels qui augmentent artificiellement leur prix en s'appuyant sur le contexte inflationniste global, mais sans justifier de véritable hausse de coût de production.

Bien que débattue par les économistes, la greedflation a été pointée du doigt par la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI). En effet, la présidente de la BCE, Christine Lagarde, a estimé que la hausse des profits des entreprises avait contribué pour les deux tiers de l’inflation en Europe en 2022. Le FMI à quant à lui a affirmé que les profits avaient "joué un grand rôle, contribuant à 45% de l'inflation", entre le premier trimestre 2022 et le premier trimestre 2023.

Sabrine Mimouni