Contrôle technique des deux-roues: le grand flou des tarifs au premier jour de la mesure

Le contrôle technique pour les deux roues motorisés entre en vigueur ce lundi 15 avril. - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK
Dès ce lundi, certains motards vont devoir passer au contrôle technique. Plus précisément, tous les possesseurs de modèles immatriculés avant le 1er janvier 2017, suivront différentes vagues selon l'ancienneté des véhicules.
À noter que si votre véhicule a été mis en circulation avant le 1er janvier 2017 et que la date anniversaire de sa première mise en circulation est avant le 15 avril, vous avez jusqu'au 14 août pour effectuer le contrôle. Ce 15 avril, plusieurs dizaines de milliers de véhicules sont donc concernés. Mais combien les conducteurs vont-ils devoir payer? Alors que l'examen, très critiqué par les associations de motards, voit tout de même le jour, son prix reste une interrogation côté consommateurs, comme professionnels.
En 2023, Clément Beaune, alors ministre des Transports avait annoncé un examen avoisinant les 50 euros. Mais les réponses des différentes franchises de contrôle technique contactées par RMC Conso contredisent les annonces ministérielles. Lorsque certaines évoquent des prix bien supérieurs et différents d'un centre à l'autre, d'autres sont encore dans le flou quant à la mise en place dudit contrôle. On fait le point
Qu'en est-il au premier jour?
Ce lundi, RMC Conso a contacté un centre basé en Seine-Saint-Denis. Au téléphone, le gérant annonce un prix de lancement de 50€, qui ne durera pas longtemps.
"Ce matin nous n'avions pas le matériel pour accueillir les motards mais j'ai déjà pris quelques rendez-vous pour les jours à venir", explique-t-il.
Questionné sur le prix d'une contre-visite, le gérant annonce un geste commercial pour les "petites modifications" mais une fourchette comprise "entre 10 et 20€" pour une main d'œuvre plus conséquente.
"Comme tout est encore flou, on s'adaptera au fur et à mesure dans les semaines à venir", conclut-il avec lassitude.
27 députés de la majorité, dont le président de la commission des Lois Sacha Houlié, ont demandé au ministère des Transports un "moratoire" sur ce contrôle technique, proposant des solutions alternatives. Sans réponse pour le moment, précise l'AFP. Interrogé sur la situation globale et certains prix bien supérieurs aux annonces ministérielles de 2023, le ministère des Transports n'a, pour le moment, pas répondu à nos sollicitations.
Les entreprises invoquent une liberté des prix
Avec plus de 1.000 centres répartis en France, Securitest assure à RMC Conso qu'aucun tarif n'a été imposé par l'État, chaque atelier étant "indépendant juridiquement, commercialement, et libre de fixer ses prix". Même son de cloche pour les centres Motovision, marque lancée par Autovision à l'occasion de l'arrivée du contrôle technique des véhicules de catégorie L. Le réseau a annoncé ne pas se positionner sur la question d'une fourchette de prix.
"Selon les dispositions du code de commerce (442-6), est sanctionné d’une amende de 15.000€ le fait par toute personne d'imposer, directement ou indirectement, un caractère minimal au prix de revente d'un produit ou d'un bien, au prix d'une prestation de service ou à une marge commerciale'. Néanmoins, la liberté des prix étant la règle en France, des tarifs différents pourraient être appliqués par catégorie de véhicule", déclare Motovision à notre rédaction.
Contacté également, le siège de Dekra déclare que les prix du contrôle technique et des contre-visites sont "libres en France et ne sont fixés ni par le ministère, ni par les têtes de réseau des enseignes. Ils sont fixés à l'initiative du gérant de chaque centre", sans qu'on sache si des prix plafonds sont tout de même instaurés.
Un discours identique à celui d'Autosur, qui explique que ses ateliers exercent leur propre politique tarifaire, eux aussi sans limite, car indépendants. "À ce jour, il nous est seulement possible de dire que le prix du contrôle technique pour les 2RM est en dessous de celui d'un véhiculer léger", précise le service communication de la société.
Aux motards de faire jouer la concurrence
Outre les interrogations sur la facture finale du contrôle technique, des centres semblent encore dans le flou quant à sa mise en œuvre globale. Certains évoquent un "manque d'informations" et de "main d'œuvre" pour organiser ces tests. D'autres l'affirment, "ils ne sont pas prêts". Ce vendredi, l'Utac, l'organisme technique central du contrôle technique des véhicules, n'affichait pas les centrés agréés pour les véhicules de catégorie L.
Dekra, de son côté, affiche sur son site ses centres qui effectueront le test. Libre aux motards de les contacter pour prendre rendez-vous. Motovision a annoncé à RMC Conso que les contrôleurs agréés "véhicule léger" peuvent bénéficier d’une extension de leur agrément pour contrôler les véhicules des catégories L, sous condition d’une formation spécifique.
Mi-mars, 350 contrôleurs Motovision ont été formés, à raison de 70 personnes par semaine depuis le 30 janvier, date d’agrément du programme de formation. Ici aussi, libre aux consommateurs de se tourner vers leur centre pour savoir s'ils mettent en place le contrôle technique et à quel prix.
Les motards concernés par la première vague de contrôle technique ne l'ayant pas effectué avant le 31 décembre s'exposent à 135 euros d'amende.