"Ce n'est pas vraiment un cadeau" : la prime Total au crible

Le groupe TotalEnergies a annoncé, par la voix de son PDG, Patrick Pouyanné, deux aides pour ses clients les plus précaires : un "chèque gaz" de 100 euros, calqué sur la "prime inflation", qui sera reçu par tous les clients abonnés au gaz chez le groupe français et ayant déjà reçu le chèque énergie mis en place par le gouvernement, ainsi qu'une remise de cinq euros sur le plein d'essence de 50 litres pour les stations services TotalEnergies situées en zone rurale.
Invité d'Estelle Midi, sur RMC, Pascal de Lima, chef économiste chez Harwell Management et professeur à Sciences Po, a balayé l'hypothèse du "cadeau" désintéressé. Pour lui, c'est "un ajustement des prix" de TotalEnergies, la compagnie française étant "un peu plus chère que la concurrence."
Une "politique cadeau"
Le professeur à l'IEP de Paris voit dans cette annonce "la continuité de la politique cadeau" menée par le gouvernement. "Après le chèque énergie, le chèque inflation, voici le chèque gaz. Mais comme la politique publique, ironise-t-il, on a un groupe privé, c'est mignon comme tout, qui ferait de la vraie justice sociale en aidant une population en situation de précarité énergétique."
Mais surtout, pour Pascal de Lima, c'est une réponse aux "critiques qui commençaient à fuser un peu partout, sur les prix de l'énergies, contre de grands groupes, après celles contre le gouvernement. Il fallait bien évidemment, comme par hasard que les deux s'associent en période électorale, ça ne mange pas de pain."
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Une politique court-termiste
Problème principal pour l'économiste, le fait que cette prime est une politique court-termiste : "On n'a rien résolu sur le problème des prix de l'énergie sur le long-terme, explique-t-il. Ça ne va pas durer longtemps. On connaît les causes, et elles ne sont pas dépendantes de Total ou du gouvernement : il y a le contexte géopolitique, le ralentissement de la production à cause du Covid, l'épuisement des stocks du gaz notamment dans le Nord de l'Europe et la reprise illusoire qui repose sur des dettes qu'il faut traiter. Si on avait une Europe très attractive, on aurait un Euro plus fort, ce qui n'est pas le cas, alors que les factures sont payées en dollars."