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Estelle Midi

Des camions autonomes bientôt sur les routes

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On parle souvent de voitures autonomes. Aux Etats-Unis, on est déjà à l’étape d’après : les camions autonomes. D’énormes semi-remorques qui commencent à sillonner le pays, sans aucun humain à bord.

Imaginez, vous êtes en train de conduire sur autoroute, vous doublez un camion. Vous tournez la tête : personne derrière le volant, qui tourne tout seul... C’est l’expérience qu’ont pu connaître il y a quelques jours les automobilistes d’Arizona, alors qu’une une startup américaine a fait circuler pour la première fois un semi-remorque de plus de 15 tonnes en mode 100% autonome sur une centaine de kilomètres sur les routes d’Arizona. Sans personne à bord ! Des expérimentations de voitures et de camions autonomes, ça fait un moment qu’on en a, mais il y a toujours un pilote de contrôle, au cas où il se passerait quelque chose… Là, le camion, bardé de caméras, de capteurs, de lidars, s’est débrouillé tout seul de A à Z, pour changer de voie, doubler sur autoroute, prendre une bretelle ou une sortie ou gérer les feux de circulation.

Pour éviter tout problème, il y avait quand même un véhicule en éclaireur quelques kilomètres devant, pour s’assurer qu’il n’y aurait pas d’obstacle majeur. Derrière cette performance technologique, une licorne californienne très en vue qui s’appelle TuSimple (introduite en bourse l’an dernier, valorisation à 6 milliards de dollars), qui a pour ambition de créer le premier réseau de fret autonome dans les trois ans qui viennent. Une révolution à venir dans le monde de la logistique : des marchandises qui circulent à travers un pays ou un continent, sans aucune intervention humaine… Dans des véhicules capables de rouler 24h/24, sans avoir besoin de faire de pause, qui ne se fatiguent jamais et qui ont en moyenne beaucoup moins d’accidents.

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Des camions trois par trois, façon train

Donc tous les chauffeurs routiers vont se retrouver au chômage ? On a toujours cet argument qui revient, de l’automatisation qui va générer du chômage… Sauf qu’en l’occurrence, comme dans plein de métiers pénibles (restauration, hôtellerie, agriculture), on a une crise des vocations. Un poste de conducteur routier sur cinq est vacant, 50.000 postes à pourvoir selon l’union internationale des transports routiers. La solution : ce qu’on appelle le platooning, peloton en anglais. Le principe : faire circuler des camions autonomes ou semi-autonomes, non pas individuellement, mais trois par trois, à la queue leu-leu. Un peu comme un train, mais sur la route.

Le premier camion, conduit par un humain, fait office de locomotive si l’on peut dire, et communique avec les autres en wifi. On appelle ça le V2V, la communication de véhicule à véhicule. Et les deux autres le suivent à la trace de façon totalement autonome, ils vont à la même vitesse, changent de file quand c’est nécessaire, freinent évidemment quand il faut. Bref, suivent comme des wagons. Plusieurs avantages : d’abord des économies de carburant, puisque les trois véhicules vont pouvoir rouler très près l’un de l’autre (le temps de réaction est bien meilleur qu’un conducteur humain), et le premier va aspirer l’air. Quand la régulation le permettra, on peut imaginer un convoi avec un seul pilote pour trois camions, ou mieux encore, deux pilotes, l’un qui dort et l’autre qui conduit le convoi. Plus besoin de s’arrêter la nuit ou pour les pauses obligatoires.

Et ça intéresse énormément les géants de la tech. Amazon par exemple, pour livrer des colis toujours plus vite. Enormément d’entreprises se sont lancées. Des camions autonomes siglés Amazon ont déjà été repérés sur les autoroutes américaines. Tesla fait aussi rouler en test des semi-remorques autonomes et électriques, qu’elle veut utiliser dans un premier temps pour transporter les pièces détachées de ses voitures Model 3. Google aussi, à travers sa filiale Waymo. Parmi les acteurs traditionnels, Volvo imagine carrément un concept de camion sans cabine. Plus besoin de cabine de pilotage s’il n’y a plus de conducteur ! C’est autant de place et de poids gagnés, ce qui permet de consommer moins de carburant.

Anthony Morel