Emmanuel Macron veut réformer l'université, dénonçant un système "sans aucun prix": faut-il des droits d'inscription plus chers?
Comment réformer nos universités? Le débat a été rouvert jeudi dernier par le président de la République. A moins de trois mois de la présidentielle, Emmanuel Macron, pas encore déclaré candidat, a souhaité jeudi une réforme "systémique" des universités.
Ce sujet assez clivant est donc ouvert dans cette campagne, alors que le président explique qu'il veut des facultés plus "professionnalisantes", tout en jugeant intenable un système d'études supérieures "sans aucun prix" pour les étudiants mais avec un taux d'échec massif.
La France ne peut "pas rester durablement dans un système où l'enseignement supérieur n'a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants"
Une petite phrase qui est mal passée à gauche, comme à droite. La candidat LR, Valérie Pécresse, ancienne ministre de l'Enseignement supérieur, estimant que c'était une "provocation".
Jeudi, lors de la clôture par visioconférence du Congrès de la Conférence des présidents d'universités, Emmanuel Macron avait précisément estimé que la France ne pourrait "pas rester durablement dans un système où l'enseignement supérieur n'a aucun prix pour la quasi-totalité des étudiants, où un tiers des étudiants sont considérés comme boursiers et où pourtant nous avons tant de précarité étudiante, et une difficulté à financer un modèle beaucoup plus financé par l'argent public que partout dans le monde".
Invité de Estelle Midi ce lundi, le professeur de sciences économiques à l'université de Paris 1, Robert Gary-Bobo, estime que le président de la République a le bon constat mais pas forcément la bonne solution.
"On ne peut pas augmenter les droits d'inscription n'importe comment. Et particulier sans mettre en place un système de crédit pour les étudiants. Or, tous les pays qui ont un système d'universités payantes comme l'Angleterre, l'Australie, les USA ont un système de crédit public aux conditions avantageuses pour payer leurs études."
"On ne trouve pas l'argent car tout est toujours plus important que l'université: santé, police..."
Faut-il durcir la sélection en université pour lutter contre le taux d'échec et d'abandon ? Le professeur n'est pas convaincu que ce soit une priorité.
"La sélection me paraît être un problème secondaire par rapport à celui de trouver des moyens pour l'université. Il manque en gros un milliard par an juste pour ressembler vaguement à l'Angleterre. Et on ne trouve pas l'argent car tout est toujours plus important que l'université: on a besoin d'argent pour la santé, la police, la justice...", se désole-t-il.