Le "congé de respiration", bonne ou mauvaise idée? "L’entreprise vous paye à 70% et vous pouvez faire autre chose"

Voulez-vous un "congé de respiration" ? Une année loin de votre entreprise, avec le maintien de votre salaire à 70% et un engagement pour un projet. C’est ce que met en place le groupe Orange, après un accord des syndicats. Tous les salariés avec au moins 10 ans d’ancienneté peuvent demander ce congé de trois à douze mois.
"Chez Orange, les gens font des carrières très longues, a expliqué Gervais Pellissier, directeur des ressources humaines et de la transformation du groupe Orange, dans ‘Estelle Midi’ ce mardi sur RMC et RMC Story. Beaucoup de salariés ont 20, 30 ans dans cette entreprise. Ce n’est pas le modèle qu’on trouve dans l’ensemble de l’économie, où il y a plus de turnover, où les gens font deux, trois, quatre, cinq entreprises. En discutant avec les partenaires sociaux, notamment la CFDT, on s’est demandé si le congé de respiration n’était pas une occasion donnée à quelqu’un de prendre une année, avec l’idée qu’il revienne ensuite dans l’entreprise, pour faire autre chose. Ça peut être du mécénat dans une association, reprendre des études qui ne servent pas forcément à sa formation professionnelle, aller dans une start-up, donner des cours…"
"Je crois que c’est bien de se donner une année, sans vouloir quitter son entreprise, a-t-il ajouté. Il y en a qui la quittent, qui vont faire autre chose. Il y en a qui sont attachés à l’entreprise, en particulier chez l’ancien France Telecom, qui n’ont pas envie de partir. On leur propose, et c’est sur la stricte base du volontariat, de prendre un an. L’entreprise va vous payer à 70% de votre salaire et vous pouvez faire autre chose, vous aérer. C’est pour ça qu’on l’a appelé congé de respiration."
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"Il faudra extrêmement attentif au retour des salariés"
Responsable adjoint d’une boutique, Michael est également convaincu du bien-fondé de cette initiative. "Je vois beaucoup de salariés qui arrivent à un point mort de leur carrière, qui n’arrivent pas à voir ce qu’ils pourraient faire dans le futur, explique-t-il dans ‘Estelle Midi’. Ça pourrait donner la possibilité de voir ce qu’il se passe ailleurs que chez Orange, s’il y a plus de difficultés ou si l’herbe est plus verte, ou revenir plus motivé. En tant que manager, je trouve que c’est une bonne idée."
Mais pour Thierry Moreau, membre de l’équipe d’Estelle Denis, "il faudra extrêmement attentif au retour des salariés". "Orange a une structure de salariat qui fait qu’il y a des gens qui ont une carrière longue, 10 à 20 ans, souligne-t-il. Ils ne savent pas comment faire partir ces gens, qui ne partiront jamais. (…) Derrière, ça va permettre par exemple à une partie d’acquérir des compétences en informatique, pour pouvoir rester chez Orange, et ça va permettre de mettre dehors une autre partie."