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Les Grandes Gueules

"Les Grandes Gueules": François Ruffin invite Sarah Saldmann à vivre avec 1.300€ par mois

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Le député de la Somme François Ruffin (LFI) était l’invité des "Grandes Gueules" ce vendredi sur RMC et RMC Story. Au cours de son passage chez les GG, rythmé par de multiples échanges sur la réforme des retraites notamment, François Ruffin a aussi mis l’accent sur les difficultés de vivre avec le salaire minimum en France.

"Une invitation amicale à madame Saldmann". Invité des "Grandes Gueules" ce vendredi sur RMC et RMC Story, en amont d’une nouvelle journée de manifestation ce samedi 11 février contre la réforme des retraites, François Ruffin a profité de son passage sur le plateau pour remettre le couvert sur la question de la rémunération du travail en France.

Débattant avec l’avocate Sarah Saldmann, membre des GG, François Ruffin pense qu’il est impossible de dissocier la question des salaires et celle des retraites en France. “Pourquoi je les lie (ces deux thématiques) sur le plan moral? Les Français doivent vivre de leur travail. De leur travail présent, le salaire, et de leur travail passé, la retraite. Et il se trouve qu’il y a un lien comptable entre les deux, c’est que si vous relevez les salaires, vous avez des cotisations sociales supplémentaires”, déduit le député de la Somme.

En réponse, Olivier Truchot, soutenu par Sarah Saldmann, rappelle alors au député des Insoumis qu’il y a “une contradiction” dans le discours de François Ruffin. “En même temps, vous voulez augmenter les impôts (les cotisations à la charge de l’employeur). Si vous augmentez ces impôts, le travail coûte plus cher, et si le travail coûte plus cher, les salaires sont plus bas”, juge Olivier Truchot.

Vivre avec 1.300€ par mois, est-ce possible?

Le débat se tourne alors vers la répartition de la valeur ajoutée dans les petites entreprises, opposée à celle dans les grandes firmes nationales et internationales. “Il y a un souci d’équilibrage” selon François Ruffin.

“On a une plus value pompée par les firmes de tête comme Total. Et elles ne laissent que des miettes aux sous-traitants, aux sous-sous-traitants, et à la fin à des auto-entrepreneurs ou à des travailleurs détachés”, analyse François Ruffin.

Prenant l’exemple de Total, si les salariés bénéficient d’avantages comme le treizième mois ou un CE, “les sous-traitants qui interviennent sur site sont au Smic et point barre”. Sarah Saldmann, en réponse, lance à François Ruffin qu’il “vaut mieux être à 1.300€ plutôt que d’être au chômage”.

Une affirmation qui pousse alors le député de la France Insoumise à lancer une invitation “amicale” à l’avocate des GG. “Je vous demande d’essayer de vivre, madame Saldmann, pendant trois mois, avec le Smic à 1300€ et d’essayer de vous demander comment on fait pour se nourrir, se loger, se soigner”, propose François Ruffin.

Pour Sarah Saldmann, “tout dépend où vous habitez déjà”. Une réaction qui provoque l’ire de François Ruffin, assurant que la localisation n’y change rien. Avec 1.300€ par mois, “on ne vit pas, on survit” admet-elle en réponse.

"Vous me proposez un mois ou deux mois au Smic. Je ne peux pas exercer d’activité salariée puisque je suis avocate. Admettons, si je me mets dans ces conditions, j'accepte mais pas pour cette durée-là. Une semaine, ça sera déjà pas mal. C’est déjà bien que j’essaye une semaine, j’ai fait suffisamment de boulots étudiants pour savoir ce que c’est", réplique Sarah Saldmann.

François Ruffin adopte une idée de François Bayrou

Au-delà de cet échange, il était aussi question de la réforme des retraites et de son examen devant l’Assemblée nationale. Rappelant que, “après deux années difficiles” de crise sanitaire mondiale, François Ruffin estime que “mettre la société en tension de cette manière sur un point pas urgent et pas prioritaire, qui à terme va représenter une économie de 0.1 point de PIB, c’est minable".

A la question de Sarah Saldmann sur les propositions concrètes que le député aimerait voir naître dans ce projet de réforme des retraites, le député a expliqué qu’il était notamment en phase avec une idée de François Bayrou.

“On peut rejoindre François Bayrou quand il dit qu’une petite augmentation des cotisations patronales ne ferait pas de mal. On peut rejoindre le conseil d’analyse économique quand il dit que cesser l’exonération des cotisations sociales sur les gros salaires ne ferait pas de mal”, a rétorqué le parlementaire.

Enfin, il faut là encore selon François Ruffin, “réfléchir à comment rétablir un certain équilibre du partage de la valeur ajoutée dans le pays. Dans la durée, il y a cinq points de PIB qui sont passés du travail au capital”, a-t-il finalement dénoncé.

Alexis Lalemant