Attentat déjoué: "On utilise l'actualité pour essayer d'influer sur le vote des parlementaires"
Moins de quatre mois après les attaques contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, la France a échappé au pire. Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve a en effet annoncé, mercredi, qu'un projet d'attentat contre "une ou deux églises" catholiques de Villejuif (Val-de-Marne) avait été déjoué par la police, dimanche dernier. Un attentat déjoué grâce à l'arrestation, par hasard, d'un homme soupçonné d'être impliqué dans le meurtre d'Aurélie Châtelain, professeur de fitness retrouvée morte dans sa voiture à Villejuif dimanche.
"Il ne faut pas essayer de manipuler les parlementaires"
Face aux risques de plus en plus élevé d'attaques terroristes sur le sol français, François Hollande a tenu à rappeler que le gouvernement travaillait à la mise en place d'un nouveau texte de loi sur le renseignement. Le président a souligné qu'il souhaitait que ce texte soit adopté avec toutes les garanties possibles. C'est pourquoi, a-t-il insisté, il va prochainement saisir le Conseil constitutionnel à ce sujet.
Alors l'exécutif est-il en train de récupérer cette affaire pour tenter de faire passer un texte loin de faire l'unanimité à gauche comme à droite? Oui, estime Laure de Raudière, députée UMP, interrogée par RMC. "Il ne faut pas essayer de manipuler les parlementaires sur l'équilibre qu'il peut y avoir entre la sécurité et les libertés individuelles. C'est un sujet beaucoup trop sensible et fondamental dans une démocratie", estime-t-elle.
"C'est discutable mais nécessaire"
"On est donc sur une réflexion de fond sur l'équilibre de la nécessaire sécurité des Français et en même temps l'absolue nécessité de garantir le respect de la vie privée, fondement de la démocratie", poursuit-elle. Et de conclure: "On utilise donc un événement d'actualité pour essayer d'influer sur le vote des parlementaires". Eric Dénécé, directeur du Centre Français de Recherche sur le Renseignement, juge lui aussi qu'il y a une certaine récupération politique. Mais il considère qu'il s'agit d'un mal nécessaire.
"Il y a indéniablement une récupération par le politique et une surcommunication autour d'un événement. C'est donc discutable parce qu'à travers cette surcommunication le gouvernement est dans une attitude anxiogène. Mais cela permet aussi de montrer que si cette loi n'est pas adoptée nous ne pourrons pas empêcher de nouveau des actions de cette nature", certifie-t-il sur RMC. Et d'enchérir: "La loi sur le renseignement n'est absolument pas liberticide, elle ne représente pas un danger. Elle va donner beaucoup de moyens aux services de renseignement. Alors utiliser les événements de ces derniers jours, c'est effectivement discutable, mais c'est nécessaire".