Avant les JO 2024, Paris se bunkérise: "C'est désert, je ferme mon restaurant pour un mois"

Des milliers de barrières, un QR code à présenter pour pouvoir passer dans certaines rues et des touristes aux abonnés absents… A quelques jours du début des JO 2024, la grogne monte chez une grande partie des commerçants et restaurateurs parisiens. Les restrictions de circulation, surtout avant la cérémonie d’ouverture ce vendredi soir, et les multiples injonctions au télétravail pénalisent les chiffres d’affaires dans le secteur. Et poussent même certains à baisser le rideau. C’est le cas de Lola, restauratrice à Paris.
"Je ferme pour un bon mois, d’ici la fin de semaine et jusqu’au 20 août environ, explique-t-elle dans Les Grandes Gueules ce lundi sur RMC et RMC Story. On a vu depuis plus de dix jours, c’est complètement déserté. Dans les bureaux autour de nous, soit les gens sont en télétravail, soit ils sont partis en vacances. Je suis juste à côté du RER A, je ne vous explique même pas le foutoir que c’est. On a décidé de fermer, avec mon associé. On pensait que ça allait être une fête, on s’est complètement planté. Je vois déjà le foutoir que c’est, donc je me dis que ça ne peut pas aller en s’arrangeant."
Julien, également restaurateur, à côté de la place de la Nation, a lui été prévenu en fin de semaine dernière qu’il devait retirer sa terrasse en raison du passage de l’épreuve cycliste des JO. "On a été prévenus samedi par des médiateurs, qui sont passés pour nous dire de rentrer notre terrasse dès ce lundi soir et pour toute la semaine, raconte-t-il. Il y a l’entraînement mercredi ou jeudi et la course est samedi. On est un petit restaurant, avec 45 places assises. On ne peut pas ranger la terrasse à l’intérieur. Heureusement qu’on a des voisins sympas qui nous ont proposé des espaces."
"On a envie de bosser", ajoute ce restaurateur, qui a embauché du personnel pour cet été. "Ce sont des petits jeunes qui ont besoin d’argent, qui travaillent tout l’été pour gagner un peu d’argent. On les garde mais ça nous fait un trou", assure-t-il.
"Les touristes, ils ne sont pas dans les avions"
"Le pire, c’est la zone grise, qui est activée depuis le 18 juillet, explique Franck Delvau, président de l’Umih Ile-de-France. Du jour au lendemain, on a eu des baisses jusqu’à -60%, -70% de fréquentation. Quai Voltaire, un restaurant se retrouve à faire 30-40 couverts le midi et le soir, alors qu’il en faisait plus de 150. En plus, ces 45.000 barrières qui ont été mises dans Paris n’arrangent rien à l’affaire. C’est vraiment très, très moche."
"La population ne s’est pas approprié ce QR code et ces différentes zones, estime-t-il. Et un touriste qui n’est pas passionné par les JO, il se dit que ce n’est pas le moment de venir à Paris. La place de la Concorde, le Trocadéro… On ne peut pas y accéder. Je circulais dans Paris encore hier soir, on a l’impression que c’est un sens interdit géant. Les GPS sont complètement perdus. Et avec la police partout, ça ne rassure pas non plus les touristes étrangers."
Pour Kamel, chauffeur de taxi, "c’est une catastrophe". "Ça fait 30 ans que je suis taxi à Paris, je n’ai jamais vu un mois de juillet comme ça. Aux aéroports, on attend trois, quatre heures pour avoir un client. Il n’y a personne. Les touristes, ils ne sont pas dans les avions. Et les terrasses sont vides à Paris, c’est impressionnant. Il y a des clients qui n’ont pas le QR code. C’est hallucinant."
Nicolas, lui, est venu du Finistère pour passer le week-end à Paris. "Je suis totalement déçu, je ne reviendrai pas à Paris, confie cet auditeur RMC. On ne peut même pas accéder à la tour Eiffel. On est comme des singes derrière les cages. Les rues sont dégueulasses. Ça ne donne pas envie d’aller chez les restaurateurs. C’est moche, la France n’est pas capable d’organiser des JO corrects."