"C’est absurde": accusé de pousser à la consommation, le chèque énergie pourrait disparaître

Se dirige-t-on vers la fin du chèque énergie ? Neuf ans après sa création, cette aide de l'Etat, destiné à aider les ménages modestes à régler leurs factures d'énergie ou certains travaux de rénovation, et qui n'a pas été revalorisée depuis 2019, est ciblée dans un rapport de mission de l'Inspection générale des finances, celle de l'Environnement et du développement durable. Généralisé en 2018, il est aujourd'hui compris entre 48 et 277 euros.
Cette aide fait partie des 92 milliards d'aides publiques en passe d'être réexaminées. Distribué à 5,5 millions de foyers (soit 20% des ménages), le chèque énergie nuirait au développement durable selon ce rapport, car il inciterait le bénéficiaire à un surplus de consommation.
"Impact partiellement défavorable à la biodiversité"
"La mission considère que tout soutien à la consommation d’énergie va à l’encontre de la sobriété énergétique. En outre, elle a un impact partiellement défavorable à la biodiversité pour la part relative aux énergies carbonées. La mission l’a donc comptabilisée dans les dépenses à approfondir", peut-on lire dans le rapport.
"Le chèque énergie est devenu le bouc émissaire. Il fait partie des symboles qui montrent à quel point on se détourne de tout ce qui est solidarité, action de l'Etat, service public... C'est une catastrophe", déplore auprès de RMC Françoise Thiebaud, membre de l'association citoyenne et laïque des consommateurs.
"C'est se tromper de combat"
Selon le rapport de la mission, le chèque énergie va à l'encontre de la sobriété énergétique. Si le directeur des études de la Fondation pour le logement, Manuel Domergue, ne le nie pas, ce dernier l'assure: c'est se tromper de combat. "On parle de personnes qui sont en précarité énergétique et qui touchent moins de 11.000 € par an, à qui l'Etat verse 150€ par an. Dire que ces gens qui se chauffent à 12 degrés participent au changement climatique, c'est complètement absurde", fustige-t-il.
Développer la rénovation énergétique
Il propose d'autres options, sur le moyen terme, "en permettant aux ménages pauvres d'être dans des logements plus performants, en faisant de la rénovation énergétique, pour faire des économies plus tard."
En 2024, la suppression du repérage automatique, liée à la disparition de la taxe d'habitation, avait déjà réduit le nombre de bénéficiaires. Selon les associations, près d'un million de personnes éligibles ne l'avaient pas perçu. Un guichet en ligne avait été ouvert tardivement, mais moins de 18 % des nouveaux ayants droit s'en sont saisis, selon la FNCCR.
Pour 2025, l'automaticité est partiellement rétablie, mais pas pour tous. Le chèque sera envoyé en novembre, soit huit mois après la période habituelle, et le guichet restera ouvert jusqu'en février 2026. Un délai jugé trop court, selon les associations.
Plusieurs intervenants ont réclamé une hausse de 40% pour suivre la hausse des prix énergétiques. "Le tarif de base de l'électricité a bondi de 41,5% TTC entre 2019 et mars 2025", ont-ils rappelé.