Dry January: "Il faut bien que je vive", les viticulteurs décident de se mettre au vin sans alcool

Chaque année qui passe, la pratique du "Dry January" est adoptée par de plus en plus de nombreux Français. Celle-ci consiste à ne pas boire d’alcool pendant le premier mois de l’année et a été imaginée au Royaume-Uni. Elle n'est pas sans conséquences (bénéfiques pour la santé) mais provoque des interrogations et craintes chez les viticulteurs, dont le mois de janvier est déjà plutôt creux en terme de vente.
Jusqu'à 10% de baisse des ventes dans l'Hérault
Dans l’Hérault par exemple, les ventes de vin dans le département ont connu une baisse de 10% environ en janvier dernier. Dont une partie pourrait être directement imputable au phénonème. C’est une tendance que Pascal Conge, vigneron à la tête d’un petit domaine de 10 hectares, commence à peine à chiffrer depuis 2 ans. "Par exemple, ce caveau, on a une baisse 3%. L'année dernière, c'était une baisse de 8%", fait-il savoir auprès de RMC.
La consommation d'alcool représente un enjeu de santé publique majeur en France, où elle est à l'origine de 49 000 décès par an. Il en est de même en Europe, où elle est responsable de plus de 7 % des maladies et décès prématurés.
Un phénomène que le viticulteur remarque de plus en plus et qui, espère-t-il, va s’éteindre de lui-même. "Ce n'est pas parce qu'on est inquiets que c'est la fin. C'est un phénomène de mode, tout ça va extrêmement vite s'arrêter", affirme-t-il.
Une mode qui pousse tout de même le viticulteur à se mettre au vin sans alcool sans grande conviction. "Il faut bien que je vive. Si mes clients veulent du vin désalcoolisé..." Cet engouement pour le "No/low" (boissons sans alcool ou avec peu d'alcool) "est né aux États-Unis il y a une dizaine d'années, est arrivé par l'Europe du Nord, notamment par l'Angleterre", raconte Yasmina Khouaidjia auprès de l'AFP.
Les boissons sans alcool progressent en France
Selon ISWR, fournisseur mondial de données et d'informations sur les boissons, la France a enregistré en 2022 la plus forte progression de nouveaux buveurs de boissons non ou peu alcoolisées parmi les pays occidentaux (+25%), majoritairement issus de la génération des "Millennials" (nés dans les années 1980-1990).
"C'est un des rares marchés autour du vin qui est en croissance et donc les vignerons s'y intéressent", remarque Frédéric Chouquet-Stringer, fondateur de Zenotheque, qui commercialise des vins sans alcool.
"Stigmatisation" de l'alcool
Un mois de l’abstinence qui s’ajoute à une baisse de la consommation générale du vin sur fond de pouvoir d’achat en berne… Rémi Dumas, président des Jeunes Agriculteurs du Gard regrette une dévalorisation du métier de viticulteur…
"Les campagnes de prévention contre l'alcoolisme doivent être réalisées à bon escient." "Stigmatiser" la consommation d'alcool "à travers un mois où on ne devrait pas boire, ce n'est pas normal", juge-t-il. Le mois dernier déjà, les vente de vin ont été en recul de 12% dans le département au moment des fêtes de fin d’année.