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Sommeil, santé mentale... Une étude révèle scientifiquement les effets positifs du Dry January

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INFO RMC - De plus en plus de Français commencent l'année en faisant un mois sans alcool. C'est officiellement la sixième édition du Dry January, un challenge qui consiste à faire une pause sur l'alcool dans la foulée des fêtes et faire du bien à sa santé. En effet, selon une étude scientifique de Janover, les effets positifs durables pour les personnes ayant relevé le challenge en janvier dernier sont réels et prouvés scientifiquement.

C'est la 6e édition du Dry January en France. L’objectif de ce “challenge” est de repenser sa consommation d'alcool pendant un mois, ou pour plus longtemps.

Et ce vendredi matin sur RMC, on vous dévoile en exclusivité le deuxième volet de l'étude Janover menée par le centre hospitalier Le Vinatier à Lyon, commandée par plusieurs associations de lutte contre les addictions. Celle-ci atteste pour la première fois scientifiquement des effets positifs durables pour les personnes ayant relevé le challenge en janvier dernier alors que l'alcool reste encore la deuxième cause de mortalité évitable après le tabac en France.

Selon cette étude à laquelle 2.000 personnes ont participé, beaucoup de participants réussissent le défi. Ils sont près de 60% à s'y tenir tout le mois de janvier. Ceux-là décrivent des bienfaits très rapides comme un bien-être physique, une meilleure santé mentale ou encore le sommeil qui s'améliore aussi.

“On a mené une étude de suivi auprès de participants qui a duré neuf mois. Elles étaient invitées à répondre à des questionnaires qui évaluent le bien-être physique, mental, la qualité du sommeil et la consommation d'alcool", explique ce vendredi sur RMC, Louis-Ferdinand Lespine, psychologue, chercheur en psychiatrie et addictologie qui a mené cette étude.
Le parti-pris : Exclu RMC/Dry january, les bienfaits du challenge - 03/01
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En effet, si la moitié des participants dormaient bien avant le challenge, ils sont un quart de plus à la fin. Des bénéfices davantage ressentis chez ceux qui vont au bout du défi.

Un impact sur la consommation à plus long terme

Et puis il y a les effets à long terme sur la consommation d'alcool en elle-même. Trois mois après le Dry January, près de deux tiers ont diminué leur consommation d’alcool que ce soit en fréquence ou en quantité. Ils sont un peu moins après neuf mois avec 58% d'entre eux qui ont gardé leurs bonnes habitudes.

“Les premières analyses montrent que toutes ces données s'améliorent au mois de février donc après le dry et puis surtout, et c’est le résultat le plus important, la consommation d’alcool diminue plusieurs mois après le défi", ajoute le psychologue.

Des résultats cohérents avec les évaluations internationales de cette campagne, au Royaume-Uni notamment, et confirment que la participation à ce type de défi s’accompagne de changements comportementaux durables liés à la consommation d’alcool.

On note tout de même que 12% des participants font le chemin inverse. Et boivent plus malheureusement. Mais cette hausse de consommation est assez faible.

"Je suis plus tonique"

Dominique va encore relever le défi cette année. Il boira uniquement du café ou de l’eau ce mois-ci. Cela fait cinq ans que le retraité fait le Dry January. Il en voit les aspects positifs.

“J'ai plus d'appétit, j'ai plus d'allant pour faire les choses, je suis plus joyeux. Et physiquement, je suis plus tonique. Et forcément, le sommeil va de pair", explique-t-il.
Dry January: une étude atteste scientifiquement des effets positifs durables du challenge
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Des pouvoirs publics trop en retrait?

Comme lui, trois quarts des participants disent bien dormir après le défi. Mais le vrai changement chez Dominique, c'est sa consommation. "C'était régulier, excessif”, et maintenant, il consomme "simplement dans les moments joyeux festifs. Ça peut être dix jours sans alcool, deux verres par semaine", pointe-t-il.

Ces résultats sont très encourageants d'après le Dr Géraldine Talbot, et montrent tout l'intérêt du Dry January.

"Ça permet de faire un état des lieux sur ce que serait un verre plaisir et ceux qu’on prend mécaniquement, où on ne fait pas vraiment attention et qui sont en fait des verres de trop”, pointe-t-elle.

L'addictologue demande maintenant aux pouvoirs publics de s'emparer de cette campagne, à l'image du mois sans tabac. Car plus elle sera encouragée, plus elle sera suivie.

Mais pour Louis-Ferdinand Lespine, l'alcool reste, encore aujourd'hui, un sujet tabou en France. “On sait très bien que les lobbys de l'alcool sont très puissants en France, que c’est un sujet encore tabou, qu’on ne touche pas à l’alcool. Ce qui s’est passé lors du Dry January en 2020 en est l’exemple frappant. Santé Publique France, qui dépend du ministère de la Santé, devait lancer la campagne et puis au dernier moment, il y a eu un rétropédalage de l’Etat et depuis le gouvernement ne soutient pas officiellement la campagne", confie-t-il.

Solène Leroux avec Guillaume Descours