Impôts prélevés à la source: l'inquiétude des petits patrons
Dès janvier 2019, les impôts seront prélevés à la source. L'impôt sera collecté directement sur les salaires ou les pensions, et non plus acquitté un an après comme c'est le cas actuellement.
Dimanche, Edouard Philippe, a promis dans le JDD de faire "le point" d'ici quelques semaines sur la mise en œuvre de cette réforme. Une mise en oeuvre qui suscite la préoccupation de chefs d'entreprise et de syndicats, qui s'inquiètent de possibles failles ou angles morts.
Le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, a fait un premier pas : pour les entreprises de moins de 20 salariés, il assure que l'Urssaf se chargera d'effectuer le prélèvement à la source à leur place. Sauf que pour l'instant, seules 58.000 entreprises sont inscrites sur le service de l'Urssaf (le Tese) supposé prendre en charge ce service. Hors il y a 1,1 million de sociétés de moins de 20 salariés.
"On s'immisce dans leur vie privée"
Dans sa petite entreprise de pâtisserie, Christian Cottard emploie 14 salariés. Avec le prélèvement à la source, il craint de voir les relations avec son personnel se dégrader: "On est inquiet d'avoir une relation complexe avec nos salariés parce qu'on s'immisce dans leur vie privée. Je n'ai pas à connaître le niveau de revenu des salariés qui sont chez nous".
Il estime que ce n’est pas son rôle de gérer le prélèvement à la source: "Il faut collecter les informations, les transcrire alors qu'on n'est pas aptes à le faire. En cas d'erreur, en cas de trop-versé, que va-t-il se passer? On assume une lourde responsabilité".
"Il faut qu'on soit déchargé de cette démarche"
Le prélèvement à la source aura un coût: 125 euros par an et par salarié selon Alain Griset, président de l’union des entreprises de proximité. Il demande au gouvernement d’adapter sa réforme: "En France, la fiscalité est très compliquée et naturellement on peut avoir des situations extrêmement variées pour lesquelles une entreprise n'a ni la formation, ni le temps. Pour nous, la meilleure solution, c'est que l'Urssaf collecte cet impôt auprès des salariés de façon à ce qu'on soit totalement déchargé de cette démarche". Alain Griset doit rencontrer le ministre des comptes publics cette semaine.