"Le cognac doit rester à Cognac de A à Z": la filière s'inquiète d'une délocalisation en Chine

Plusieurs centaines de salariés de la filière du cognac doivent manifester ce jeudi matin dans le centre-ville de Cognac, en Charente. Ils demandent une extension de l’appellation d’origine contrôlée du spiritueux, après le projet de la plus grosse maison de Cognac, Hennessy, qui a annoncé vouloir envoyer le cognac en vrac en Chine pour éviter les nouvelles taxes imposées sur cet alcool.
Une décision qui fragiliserait tout un écosystème. Un projet vite suspendu, mais pas définitivement arrêté, face à la levée de bouclier des salariés de l’entreprise la semaine dernière. C’est désormais toute la filière qui s'inquiète d'une délocalisation en Chine.
Envoyer en Chine le cognac en vrac et leur laisser la mise en bouteille. Voilà ce qu’imagine Henessy pour se passer des futures taxes à l'export. Et c'est exactement ce qui fâche Yvan, un des salariés de la marque.
“J’étais choqué et inquiet pour la maison elle-même et pour l’avenir parce que si on délocalise, on sait très bien que ça va être des emplois en moins. Un produit tel que le cognac doit rester à Cognac de A à Z”, appuie-t-il.
L'embouteillage réalisé en Chine?
Le message envoyé par Henessy inquiète la filière. Florent, technicien chez Rémy Martin, une autre maison de cognac, manifeste par solidarité. “On se demande si ce n’est pas que le début et on ne sait pas où ça va s’arrêter. Le matériel de production, c’est notre gagne-pain à nous. Si on exporte toutes les productions à l’étranger, forcément nous, on va perdre notre emploi”, s’inquiète-t-il.
La crainte des syndicats, c’est que les bouteilles et les étiquettes soient directement fabriquées en Chine. “Nous, on vient d’acheter un four électrique. Si demain, les maisons de cognac décident d’aller acheter leur bouteille en Chine, notre four électrique ne sert plus à rien”, explique Renaud Audidier, délégué CGT chez Verallia, qui fabrique les bouteilles à Cognac. Le syndicat demande l’extension de l’AOC (appellation d’origine contrôlée).
“L’idée, c’est qu’aujourd’hui, l’AOC protège la production de cognac, c'est-à-dire la viticulture et la mise en fût, il faut qu’on mette la mise en bouteille dans l’AOC. Et là, on va pouvoir protéger toutes les industries qui sont sur le territoire”, ajoute-t-il.
Sur le territoire, la filière du cognac fait aujourd’hui vivre plus de 70.000 personnes.