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"Un séisme": les restaurateurs grands perdants de la réforme des tickets-restaurant

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Le gouvernement lève le voile sur ses pistes pour la reforme des titres-restaurant. La ministre déléguée en charge du Commerce souhaite généraliser la dématérialisation des tickets-restaurant et permettre leur utilisation le dimanche. Autre enjeu, ancrer définitivement le paiement des courses aux supermarchés au-delà de 2026. Des propositions qui ont la faveur des consommateurs à l'inverse des restaurateurs.

Des tickets-restaurant uniquement par carte, utilisables même le dimanche et pour faire ses courses alimentaires… La ministre déléguée en charge du Commerce, Véronique Louwagie, a présenté mercredi sa réforme des tickets-restaurant, en gestation depuis deux ans. Une réforme qui intervient après de nombreuses revendications de la part des restaurateurs, comme des consommateurs.

On ne sait pas encore quel type de texte ni le calendrier pour que cette réforme soit adoptée au Parlement, mais le gouvernement vise une application totale en 2027.

Dans le principe, cette réforme satisfait les consommateurs, à contrario des restaurateurs. Dès 2027, Jonathan pourra utiliser sa carte ticket restaurant le dimanche. Et pour lui, c'est moins de contraintes.

“Je l’utilise quasiment tous les jours et donc il m’arrive parfois le dimanche de vouloir l’utiliser et de me dire à postériori, ‘mince, c’est dimanche’. C’est un confort en plus”, indique-t-il.

Les restaurateurs, eux, réclamaient la création d'un "double plafond", avec un montant inférieur pour les courses. Une proposition finalement balayée par la réforme. De quoi soulager Martin. “Pourquoi on financerait une part du resto et pas une part de quelqu’un qui va acheter sa blanquette de veau au supermarché?”, demande-t-il.

"Flécher 10 milliards vers les grandes enseignes, les chips..."

Chaque mois, ses 300 euros de titres restaurants sont dépensés au supermarché. “Vous achetez des pâtes, du riz, c’est beaucoup moins cher. Ça vous permet de faire trois-quatre repas à la maison sans problème”, souligne-t-il.

Les syndicats de restaurateurs, eux, sont moins enthousiastes.

“C’est un manque de décision politique pour sauver nos commerces. Sur un dispositif de 10 milliards d’euros par an, le flécher vers les grandes enseignes, et vers les fabricants de chips, je ne crois pas que ce soit l’idéal. L’idéal, c’est de sauver le petit commerce de proximité qui est dans votre quartier, dans votre village”, pointe Romain Vidal, en charge du dossier pour le syndicat GHR.

Un geste sur les commissions promet la ministre

Invité sur RMC, Franck Chaumès, président de la branche restauration à l'Umih, n'a pas caché son désarroi.

"Je ne peux pas me réjouir de ce séisme qui va avoir lieu dans le secteur de la restauration. C'est une baisse importante de notre activité. Entre le 4e trimestre de 2022 et 1er trimestre de 2025, nous avons perdu 9,2 points au détriment de la grande distribution. Cela représente 900 millions d'euros par an pour les restaurateurs", déplore-t-il.

Le syndicat GHR dénonce aussi des commissions trop importantes, alors que la réforme ne prévoit pas de les plafonner. La ministre déléguée chargée du commerce, Véronique Louwagie, invitée également de RMC ce jeudi matin promet sur RMC un geste à venir et donne trois mois aux acteurs de la filière pour que ces commissions diminuent au profit des restaurateurs. Ce qui ne satisfait pas l'Umih qui qualifie "d'épiphénomène" ce problème.

Caroline Renaux avec Guillaume Descours