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Économie

"On craint pour la suite": le secteur de la sidérurgie inquiet des taxes américaines de Trump

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Donald Trump a annoncé que les produits européens seront "prochainement" taxés à 25%. Un coup de froid à peine trois jours après la visite d'Emmanuel Macron. Ce jeudi, des ministres européens de l'industrie se réunissent à Bercy, à propos de l'acier et l'aluminium. Un secteur qui emploie 300.000 personnes en Europe, d'où l'inquiétude sur le plus gros site français d'ArcelorMittal près de Dunkerque.

Plusieurs ministres européens de l’industrie ont rendez-vous à Bercy ce jeudi pour tenter de répondre à Donald Trump et à sa hausse de 25% des droits de douane sur l’acier et l'aluminium annoncée le 10 février dernier.

Des taxes qui risquent de pénaliser un peu plus un secteur déjà fortement concurrencé par la Chine. Selon le syndicat de la sidérurgie européenne (Eurofer), qui réclame des mesures de "protection", l'UE pourrait perdre jusqu'à 3,7 millions de tonnes d'exportations d'acier vers les Etats-Unis, son deuxième plus grand marché d'exportation.

Dans le Nord près de Dunkerque à Grande-Synthe, sur le premier site métallurgique d’ArcelorMittal, l’inquiétude monte. La pause-déjeuner n’a pas vraiment apaisé les esprits. Eric et Bertrand sortent de la cantine. Cela fait 30 ans qu’ils travaillent ici comme sous-traitant pour ArcelorMittal. “L’inquiétude est là. Ce sont des discussions sur les projets d'avenir, sur les investissements qui auront ou n’auront pas lieu”, indique le premier.

“Forcément, on craint un petit peu pour la suite. C’est quelque chose qu’on aimerait ne pas voir disparaître. C’est un petit peu toute notre carrière” ajoute Bertrand.

Sans taces aux frontières européennes, la fin de l'acier européen?

Cette hausse des droits de douane, l’entreprise n’en avait vraiment pas besoin soupire Jean-Charles Spillemaecker, le représentant de Force ouvrière. “Ça nous a mis un coup en plus parce que déjà qu'on est embêté avec l’importation chinoise. Si en plus on a du mal à exporter, ça nous pénalise encore plus. Les emplois risquent d’être menacés si rien n’est décidé”, déplore le syndicaliste.

Alors Hervé le Foll, technicien et délégué syndical, espère beaucoup de la réunion à Paris.

“Si on n’a pas de taxes aux frontières européennes, ça sera 'la mort du petit cheval'. Tout doucement l’acier européen coûtera tellement cher que personne ne l’achètera”, indique-t-il.

Une inquiétude qui dépasse les barrières du site et se répand jusque dans la boucherie de Bruno, au bout de la rue. “Ce sont eux qui nous font travailler. Si ça ferme nous ici, on ne sait pas ce qu’on va faire, on verra bien”, souffle-t-il.

Des salariés dans le flou qui constatent déjà la suspension de certains investissements.

Clara Gabillet avec Guillaume Descours