Scandale Buitoni: Nestlé annonce la fermeture de l'usine de Caudry
L'usine Buitoni de Caudry va fermer ses portes. Comme le craignait le maire ce jeudi matin sur RMC, dénonçant "une double peine" un an après le scandale des pizzas contaminées à la bactérie E.coli, Nestlé annonce sa fermeture dans un communiqué transmis à l'AFP. Le groupe invoque une chute des ventes. "Aucun licenciement ne sera notifié avant le 31 décembre 2023", précise Nestlé, qui "s'engage en parallèle à lancer un processus de recherche de solution de reprise solide et pérenne pour l'usine" et à proposer aux 140 salariés "une opportunité de reclassement interne".
"Dans le Nord, malheureusement, nous avons un taux de chômage assez important. Souvent, cet emploi chez Buitoni, c’était l’emploi de toute une famille. On va se retrouver avec des centaines de familles dans une situation dramatique, en pleine crise énergétique, déplorait Frédéric Bricout, le maire. Il y a eu jusqu’à 250 salariés et l’usine, à sa belle époque, produisait jusqu’à 15.000 tonnes de pizzas. Il y a 15.000 habitants. Buitoni, c’est le deuxième employeur de la commune. Le premier, c’est L’Oréal, nous avons la chance d’avoir la plus grosse usine du monde. Cette usine Buitoni existe depuis plus de 35 ans, elle a fait la richesse et la renommée du groupe Nestlé depuis plus de 35 ans. Il ne faut pas l’oublier."
"Pas la fin de l'histoire" selon le ministre Roland Lescure
Le sort du site, dont l'activité est déjà suspendue depuis début mars en raison, selon Nestlé, d'une chute des ventes, a été dévoilé aux syndicats lors d'une réunion. La décision doit être annoncée par la direction aux quelque 140 employés (hors intérimaires), convoqués à 11h15, selon une source syndicale. Le site, actif depuis 1982, est au coeur du scandale pour avoir produit les pizzas surgelées à pâte crue de la gamme Fraîch'Up, qui pourraient avoir provoqué la mort de deux enfants et l'intoxication de dizaines d'autres par la bactérie Escherichia coli.
Une information judiciaire est ouverte depuis mai dernier à Paris pour homicide involontaire dans le cas de deux victimes et blessures involontaires pour 14 autres, selon une source judiciaire.
"Je regrette que Nestlé n'ait pas trouvé de solution", mais ce n'est pas "la fin de l'histoire" pour le site, a réagi le ministre délégué à l'industrie Roland Lescure auprès de l'AFP. "Nestlé s'est engagé à trouver un repreneur, je considère qu'il y a une obligation de résultat", a-t-il insisté. Le groupe a aussi annoncé une contribution exceptionnelle de 3 millions d'euros en faveur de l'emploi sur le territoire du Cambraisis, doublant l'apport promis par l'Etat, a-t-il relevé.
Nestlé avance "une contamination de la farine" comme explication "la plus probable" de la présence de la bactérie sur ses pizzas. Mais d'autres causes sont évoquées, comme "la présence de rongeurs" et le "manque d'entretien et de nettoyage des zones de fabrication" de l'usine, mises en évidence par des inspections sanitaires, selon la préfecture.