Assurance chômage: "Un texte cruel, injuste et qui ne sert à rien" pour le député LFI Hadrien Clouet

Des règles durcies à partir du 1er décembre, pour "aller vers le plein emploi" et "valoriser encore plus le travail". Dans une interview à La Tribune Dimanche, le Premier ministre Gabriel Attal a confirmé que la réforme de l’assurance chômage allait réduire la durée d'indemnisation à 15 mois "dans les conditions actuelles", c'est-à-dire si le taux de chômage se maintient en dessous de 9%, pour les chômeurs de moins de 57 ans, et qu’il faudra avoir travaillé 8 mois sur les derniers 20 mois pour être indemnisé, contre 6 mois au cours des 24 derniers mois actuellement. Des annonces qui sont vivement critiquées par les syndicats et les oppositions.
"Après trois réformes de l’assurance chômage macronistes, 60% des gens au chômage ne touchent rien, n’ont pas d’allocations, donc il s’en prend aux 40% restants, pointe le député LFI Hadrien Clouet sur RMC et RMC Story. Sa réforme vise à renforcer les obligations. Ce sera plus compliqué de toucher l’assurance chômage. Vous êtes jeunes, vous sortez d’études, vous avez fait six mois de CDD et à la fin, vous n’avez rien. Vous devez survivre avec zéro euro. Et ça sera borné à 15 mois maximum. Si vous avez bossé 35 ans dans une entreprise et que vous êtes licencié, par exemple pour inaptitude, au lieu d’avoir deux ans et trois mois pour rechercher, faire une formation, vous n’aurez plus qu’un an et trois mois. On vous retire un an d’allocation chômage alors que vous avez cotisé toute votre vie. C’est donc un texte cruel, injuste et qui ne sert à rien."
Le gouvernement assure notamment que cette réforme permettra de créer 90.000 emplois. "Si c’était vrai, les 90.000 emplois, ça vaudrait dire un pour 67 chômeurs, donc cette prévision du gouvernement ne change rien à l’affaire, estime Hadrien Clouet dans Apolline Matin. Mais ce n’est pas vrai. Ça fait quatre réformes de l’assurance chômage que mènent les macronistes depuis 2014, quand Emmanuel Macron a été nommé ministre de l’Economie et des Finances. Le bilan est simple: il y a autant de chômeurs aujourd’hui qu’il y a dix ans. Donc leurs réformes n’ont aucun effet. Pire, elles sont contre-productives. Lorsque vous renforcez la contrainte sur les gens, ils sont obligés d’accepter des petits boulots, moins bien payés. Ce sont les emplois les plus fragiles, en CDD, en intérim. Donc les gens reviennent à l’assurance chômage."
"L’allocation chômage, c’est le moyen de trouver du boulot"
Pour ce député insoumis, "l’allocation chômage, ce n’est pas du confort, c’est vital". Pour lutter contre le chômage, son parti propose plutôt d’améliorer la formation et de favoriser la mobilité. "Il y a deux exemples, explique-t-il. Le premier, c’est d’établir un droit opposable réel à la formation pour les demandeuses et demandeurs d’emploi. Vous avez plein de gens qui ont été victimes d’un licenciement, qui voudraient avoir une formation qualifiante dans un secteur, et ils n’y ont pas accès. Une formation certifiante, ça prend du temps, un peu plus de 600 heures. Donc il faut avoir une allocation pendant des mois pour pouvoir être qualifié. Deuxièmement, il faut poser la question des mobilités. Il y a plein de gens qui n’arrivent pas à postuler à une offre d’emploi parce qu’ils habitent loin, parce qu’il n’y a pas de transports publics, parce que l’essence est trop chère. Il faut bien voir que l’allocation chômage, c’est le moyen de trouver du boulot, de faire le plein, de payer le ticket de RER et de pouvoir postuler à des offres."
"Nous sommes favorables à revenir sur les réformes d’Emmanuel Macron, c’est-à-dire rétablir le plafond à 24 mois et indemniser les gens de manière convenable, au niveau de leur dernier salaire, souligne Hadrien Clouet. Vous avez besoin d’argent pour trouver du boulot. Vous ne pouvez pas en trouver si vous êtes au niveau du seuil de pauvreté."