Chômeur, j’ai retrouvé du travail en nettoyant bénévolement les caniveaux pendant deux mois

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"J’étais sans-emploi depuis 2010, dont deux ans en arrêt pour un accident domestique. J’ai démarré en envoyant un courrier au maire d’Isbergues (Pas-de-Calais) pour trouver un emploi, histoire d’essayer d’acheter un véhicule et de pouvoir élargir ma recherche d’emploi. J'ai eu une réponse négative, je me suis dis "pourquoi pas essayer de monter un défi, pour montrer qu’à 51 ans, on peut encore travailler". Je ne suis pas foutu! Je suis encore capable de travailler.
Donc sur deux mois, bénévolement, j’ai nettoyé les caniveaux de ma ville. J’avais une poubelle avec un drapeau bleu-blanc-rouge dessus, pour qu’on ne me confonde pas avec un employé de la ville. Dans un courrier, le maire m’a dit que ce que je faisais était à la charge des riverains. Et dans sa formule de politesse, il disait ‘je vous prie de croire, monsieur le directeur, en mes sentiments les meilleurs’. Pour moi, c’était un peu ironique. Je ne l’ai pas pris de façon agréable. Je me suis dit ‘ok, il m’appelle comme ça, il va voir ce que c’est qu’un directeur qui travaille bénévolement’.
"A mon âge, se baisser sans arrêt pendant 45h par semaine…"
C’était un acte de bravoure, parce que je suis assez connu dans ma ville. Je rendais service aux citoyens, aux personnes âgées. Mais à mon âge, se baisser sans arrêt pendant 45h par semaine… Bon, je n’ai pas choisi la facilité, mais si j’avais fait ça, ça n’aurait pas marché. Là où j’ai eu de la chance, c’est que sur les deux mois, je n’ai eu que quatre jours de pluie. Je faisais des journées de 7h à 18h, sans interruption. Et le midi je ne rentrais pas chez moi. Je restais sur le terrain, je mangeais un sandwich et je reprenais.
Financièrement je ne m’en sortais plus, je partais dans la déprime. Je ne voulais pas sombrer. Mais pour moi ce n’était pas du bénévolat: je ne l’ai pas fait dans le vide et ça a porté ses fruits. Aujourd’hui, j’ai un contrat de travail chez Recup’Aire. Ils sont partenaires de gens courageux, motivés. J’ai signé un contrat de chauffeur, collecteur, trieur et cariste. C’est largement mieux que le bénévolat: je faisais mes calculs, j’avais toujours le chiffre 0 qui apparaissait. Maintenant il y a un salaire qui va tomber. Noël approche, je serai très content de payer un petit cadeau à mes enfants.
"Idéalement, on ne devrait pas faire ce que j’ai fait pour retrouver un boulot"
J’ai rencontré pas mal de sans-emplois. J’ai reçu 180 messages sur Facebook, j’ai répondu à tout le monde. Idéalement, on ne devrait pas faire ce que j’ai fait pour retrouver un boulot. On devrait être écouté un peu plus. Mais c’était ma manière de faire en tant que citoyen. Mon conseil, c’est de se lever tôt, de continuer les recherches, d’envoyer des CV. De se bouger, de visiter les entreprises, de parler de soi, de montrer qu’on est motivé. Il faut se battre".