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Son mari est au chômage depuis plus de quatre ans: "A Pôle emploi, personne ne vous aide"

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TEMOIGNAGE - En septembre, selon les chiffres publiés ce mardi, 66.300 chômeurs ont quitté les listes de Pôle emploi (-1,9%). "Des chiffres bidouillés", estime ce mercredi sur RMC.fr, Josiane, dont le mari, 56 ans, est sans emploi depuis plus de quatre ans. Pour elle, "c'est du foutage de gueule".

"Mon mari était chef d'équipe dans une entreprise de rénovation. Il a commencé de travailler à 14 ans et est au chômage depuis août 2012. En fait, il a eu un accident du travail, une section du tendon d'Achille. Suite à cela, on lui a trouvé une maladie sur les tendons. Donc le métier de maçon-carreleur et mosaïste-moquettiste, ça devenait compliqué. Mais il était prêt à reprendre son travail sur un poste un peu aménagé. Mais, entre-temps, l'entreprise a déposé le bilan. Une catastrophe pour mon mari qui n'a rien retrouvé depuis.

"C'est la grosse galère"

Ses droits se sont terminés à la fin de l'année 2015. Au début, il percevait l'ARE (Allocation de Retour à l'Emploi, ndlr) et maintenant, vu qu'il a plus de 50 ans, il touche l'ASS (Allocation de solidarité spécifique, ndlr) d'un montant de 470 euros par mois. Mon mari est donc aussi travailleur handicapé des suites. Il existe des aides normalement pour embaucher des personnes comme lui mais quand vous avez plus de 50 ans, c'est la grosse galère.

Actuellement, il fait donc des démarches tout seul, sans aide de la part de Pôle emploi, pour monter une autoentreprise jusqu'à sa retraite officielle. Entre temps, de bouches à oreilles, en cherchant à droite à gauche, il a retrouvé un petit travail: il fait de l'entretien de propriétés. Psychologiquement, ça a été une bouée de sauvetage pour lui parce qu'il en devenait dépressif.

"On est complètement désabusés"

A partir de 45 ans, les entreprises ont beaucoup de mal à embaucher des gens même s'ils ont des compétences. De même, au niveau du Pôle emploi, c'est zéro. C’est-à-dire que vous êtes complètement délaissé. C'est du foutage de gueule personne ne vous aide. Aujourd'hui, on n'est plus en colère, on est complètement désabusés. Pourtant, la tâche première de Pôle emploi est d'aider les gens, de les conseiller, les informer pour qu'ils trouvent un emploi. On vous envoie des offres pour des postes qui sont complètement à côté de la plaque. Mon mari a reçu des offres pour être électromécanicien à 250 kilomètres de là où on vit, alors qu'il n'a aucun diplôme dans ce domaine. Mais si on ne répond pas à ce genre d'offres, on risque la radiation.

Et quand vous demandez un rendez-vous avec votre conseiller, il ne faut pas perdre courage pour l'obtenir. Sans arrêt, on vous dit qu'on vous rappelle, on ne vous rappelle jamais. Nous, nous avons été obligés d'insister lourdement pour pouvoir le rencontrer. On a mis plus de trois semaines, presque un mois, pour avoir un rendez-vous. Et à cet entretien, le conseiller n'a servi à rien. Il se grattait, bâillait, n'était pas foutu de nous donner des réponses, de nous diriger vers les bonnes personnes.

"Le sentiment que c'est foutu quoi qu'il advienne"

Alors la publication des derniers chiffres du chômage a été très mal accueillie à la maison. On les prend pour de la provocation quelque part. Il faut vraiment être dans notre cas, avoir épuisé toutes les ressources du chômage proposées par Pôle emploi pour savoir ce qu'il en est. Quand on est chômage à plus de 50 ans, comme nous y sommes confrontés et comme malheureusement beaucoup d'autres, on a vraiment le sentiment que s'est foutu quoi qu'il advienne.

Pour moi, les chiffres du chômage sont bidouillés. On fait entrer des jeunes en formation pour faire baisser les chiffres. Ce n'est pas du harcèlement mais presque: on les incite fortement à suivre des formations qui ne leur plaisent pas nécessairement et pour lesquelles ils n'ont rien demandé. On les fait entrer dans des formations qui n'aboutiront à rien. Il y en a beaucoup pour tous les métiers du bien-être par exemple, les massages, la sophrologie, la réflexologie…

"Complètement délaissé"

Des choses certes concrètes mais quand on pose la question de savoir si cela aboutira à un travail, on nous répond que ce n'est pas le sujet. Mais, si c'est le sujet! Quand on fait une formation, c'est pour avoir un boulot derrière. On ne fait pas une formation pour faire une formation. Là, actuellement, on essaye de sortir les gens des statistiques du chômage par tous les moyens.

Mon mari a fait toutes les démarches nécessaires pour faire ce genre de formations. Il voulait former des jeunes en apprentissage et avait demandé des formations pour tout ce qui est enseignement, maître d'œuvre. Il avait les qualités requises, les diplômes. Cela le motivait mais au dernier moment on lui a dit non. Les refus étaient du genre 'Vous comprenez on n'a pas de budget', 'On prend seulement des jeunes', 'Monsieur vous avez plus de 55 ans ça va être très, très difficile au niveau des formations'… Un tas de choses comme ça qui font que les personnes de plus de 50 ans sont complètement délaissées".

propos recueillis par Maxime Ricard