Circulaire Retailleau: l'inquiétude et l'appel des restaurateurs à régulariser les travailleurs étrangers

Les réactions n'ont pas tardé après les annonces du ministre de l'Intérieur. Bruno Retailleau a demandé aux préfets, jeudi, de durcir les règles pour la régularisation des personnes immigrées. Les restaurateurs sont notamment montés au créneau.
Restaurateur depuis 50 ans, Alain Fontaine est très remonté. Depuis la pandémie de la Covid, les travailleurs étrangers sont devenus essentiels dans son restaurant parisien. "Ils sont nombreux. Moi j'en ai 6 qui vont être en cours de régularisation dans les deux ans et demi. J'en ai un en avril, je suis obligé de m'en séparer. Comment on va faire ?", s'interroge-t-il.
"Ce sont des gens qui sont intégrés dans la vie économique de l'entreprise, qui cotisent"
Parmi les nouvelles recommandations du ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau souhaite désormais que les préfets exigent une présence minimum de sept ans sur le territoire français, contre 3 ans auparavant. Une exigence incompréhensible pour Cathy Mounié, gérante d’une brasserie depuis 15 ans:
"On va demander à monsieur Retailleau de venir en cuisine s'occuper de faire sortir les plats. Moi dans mon équipe, depuis bien longtemps, j'ai beaucoup de Sri-lankais en cuisine. De toute façon, c'est un peu les seules personnes qui veulent bien travailler", lâche-t-elle.
L’Union des métiers et des industries de l’hotellerie (Umih), principale organisation professionnelle de la restauration, veut rencontrer le ministre de l'Intérieur pour exposer son opposition.
"Ce sont des gens qui sont intégrés dans la vie économique de l'entreprise, dans la vie sociale de leur lieu d'habitation, qui cotisent", explique notamment Frank Delvau, président de l'Umih Paris/Île-de-France, invité d'Apolline Matin, ce lundi, sur RMC et RMC Story. Dans la région, ce dernier évalue à "25-30% à peu près" le nombre de travailleurs étrangers dans le secteur.
L'Umih veut intégrer le secteur à la liste des métiers en tension
Mais Frank Delvau a voulu rappeler les consignes données par l'Umih, après les critiques dirigées à l'encontre des restaurateurs: "On n'embauche pas de travailleurs sans papier dans l'hôtellerie-restauration. Ça peut arriver, mais à l'Umih, c'est clair que ce sont les consignes que l'on donne."
"Par contre, ce qu'il peut arriver, quand on embauche quelqu'un, c'est parfois des vrais faux-papiers. Vous embauchez monsieur X, et puis au moment du renouvellement il vous dit 'je m'appelle en fait monsieur Y'. Ce qui pose problème. On demande la régularisation de ces personnes-là", détaille le président de l'Umih Paris/Île-de-France.
Les professionnels du secteur demandent également à figurer sur la liste des métiers en tension. Cette dernière permet une régularisation simplifiée dans certains secteurs. Son actualisation est attendue fin février.