Travailleurs sans papiers: pourquoi l'hôtellerie-restauration s'inquiète de la circulaire Retailleau

La principale organisation professionnelle dans l'hôtellerie et la restauration, l'Umih, a indiqué vendredi avoir demandé à rencontrer le ministre de l'Intérieur après l'annonce de "règles beaucoup plus strictes" en matière de régularisation des personnes immigrées, disant ne pas souhaiter de durcissement alors que le secteur peine à recruter.
Bruno Retailleau, qui a fait de la lutte contre l'immigration sa priorité, a adressé une nouvelle circulaire aux préfets, qui ne change pas à proprement parler les critères pour obtenir une "admission exceptionnelle au séjour" (AES), mais qui met fin à la circulaire de son prédécesseur Manuel Valls.
Celle-ci laissait une marge de manœuvre aux préfets qui pouvaient dénouer certaines situations en dérogeant au règles classiques des régularisations. Les régularisations exceptionnelles par le travail sont désormais recentrées sur les métiers en tension, dont la liste actualisée est attendue fin février.
"Ceux qui se présentent n'ont pas les bons papiers"
"Quand on passe une annonce, on n'a pas beaucoup de candidats. Ceux qui se présentent, il arrive parfois qu'ils n'ont pas les bons papiers. Un salarié qui travaille en général plutôt bien et qui est dévoué, ce n'est pas facile pour nous", explique auprès de RMC Christophe, qui dirige un restaurant à Paris.
Aujourd'hui il ne voit pas comment il pourrait se passer de ces travailleurs, notamment pour la plonge. "On a des difficultés pour trouver de la main d'oeuvre. La chercher ailleurs, c'est quoi? C'est l'immigration", assure-t-il. "Cela ne va pas dans le sens des embauches. Il n'y a pas de contreparties", regrette le restaurateur.
25 à 30% du secteur est composé de travailleurs étrangers
En Île-de-France, 25 à 30% des travailleurs du secteur de l'hôtellerie-restaraution sont étrangers. "Ce qui nous importe, c'est qu'on rentre dans la catégorie des métiers sous tensions pour permettre à ces employés d'être régularisés. Ce sont des gens intégrés qui travaillent", souligne Franck Delvau, président de l'Umih Paris - Île-de-France.
De son côté le Groupement des Hôtelleries et Restaurations de France (GHR) a plaidé dans un autre communiqué que "l'emploi c'est assurément le meilleur outil de l'intégration en France exigée par le Ministre de l'intérieur".
"S'il est compréhensible que la régularisation d'un étranger doive rester l'exception, il est important que la procédure de régularisation d'un étranger qui justifie d'un emploi salarié reste possible", argumente Catherine Quérard, présidente du GHR.