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Contrôle des chômeurs: "Gattaz dénonce ceux qui profitent du système, mais c'est lui le profiteur!"

Pierre Gattaz en septembre 2014, quand il promettait la création d'un million d'emplois en échange de baisses de charges (via le CICE).

Pierre Gattaz en septembre 2014, quand il promettait la création d'un million d'emplois en échange de baisses de charges (via le CICE). - AFP

Le numéro un du Medef, Pierre Gattaz, a estimé mardi qu'il fallait mieux contrôler les chômeurs dans leur recherche d'emploi, évoquant un "contrôle journalier", et dénonçant "les gens qui profitent du système". Des propos qui révulsent Pierre-Edouard Magnan, du Mouvement national des chômeurs et précaires, joint par RMC.

Après Christophe Castaner, qui expliquait sur BFMTV que "la liberté ce n'est pas de bénéficier des allocations chômage pour partir deux ans en vacances", c'est au tour de Pierre Gattaz de dénoncer "ceux qui profitent du système". Le numéro un du Medef a estimé, mardi, qu'il fallait mieux contrôler les chômeurs dans leur recherche d'emploi, évoquant un "contrôle journalier", alors que Matignon a commencé à recevoir les partenaires sociaux sur le chantier de l'assurance chômage. Soulignant qu'il fallait "aider ceux qui ont vraiment besoin de formation", le patron des patrons a affirmé qu'il y avait aussi "des gens qui profitent du système", sans pour autant être "hors-la-loi".

"On n'a pas vu les emplois promis par Gattaz"

Des propos qui révulsent Pierre-Edouard Magnan, du Mouvement national des chômeurs et précaires. "M. Gattaz nous renvoie cette sempiternelle tarte à la crème des chômeurs comme profiteurs du système. Sur ce, il faut bien reconnaître que M. Gattaz est un expert en matière de profiteur du système, lui qui a arraché au gouvernement et finalement volé à l'ensemble des Français jusqu'à 40 milliards de CICE, entre 2012 et 2017. Tout ça en échange soi-disant de la création d'un million d'emplois. Emplois dont on n'a pas vu le début du premier".

"Il y a des gens qui ne veulent pas bouger"

Une attaque qui ne plaît pas à Stephan Brousse, conseiller spécial chargé des PME au Medef. Pour lui, Pierre Gattaz n'a voulu stigmatiser personne. "Il ne faut pas se fixer sur un mot. Contrôle, ce n'est pas insultant. Pierre Gattaz dit: 'il faut s'assurer que les gens sont effectivement en recherche active d'emploi', cela n'a rien de choquant de dire ça".

Pour Stéphane Brousse, le numéro un du Medef n'a fait que soulever une réalité. "Nous, les patrons de PME, on comprend ces propos quand de l'autre côté de la barrière, on ne reçoit jamais d'offres (d'emploi) de ces gens-là. J'ai un exemple précis: il y a des gens qui ne veulent pas bouger parce qu'il y a 10 kms d'écart (entre leur domicile et un emploi). Jusqu'où on peut aller dans l'acceptation de la liberté de chacun? C'est un vrai problème".

"Le contrôle des chômeurs n'est pas déterminant"

Un débat que vient trancher Bruno Coquet, économiste spécialiste de l'assurance-chômage, qui explique que si le contrôle des chômeurs est nécessaire, il n'est toutefois pas suffisant pour faire baisser le chômage. "Contrôler les demandeurs d'emploi c'est nécessaire puisque c'est la contrepartie de leur indemnisation. Cela permet de stimuler la recherche d'emploi de chômeurs qui ne sont pas très motivés, et qui devraient l'être plus. Donc ça peut faire baisser un petit peu le chômage et conduire à ce qu'un certain nombres d'offres d'emplois non pourvues le soient. Mais en même temps, ce n'est pas l'instrument déterminant de la baisse du chômage."

P. G. avec Victor Joanin