Kookaï: "Très inquiets", les syndicats assurent que la direction veut fermer 15 magasins
Après Go Sport et Camaïeu, c'est au tour de l'entreprise de prêt-à-porter Kookaï (320 salariés) d'annoncer son placement en redressement judiciaire. La société l'explique par des "difficultés économiques que rencontre le secteur du prêt-à-porter en Europe, que la crise du Covid-19 n'a fait qu'accentuer".
"Kookaï, c'est 22 millions d'euros de dettes exigibles qui ont été gelés", précise ce jeudi sur RMC et RMC Story Gérald Gautier, secrétaire de la fédération employés et cadres Force ouvrière (FO). Et si la direction promet qu'aucun magasin ne fermera pour l'instant, les syndicats sont eux très inquiets et assurent à RMC que le plan de redressement prévoit déjà la fermeture de 15 enseignes sur les 121 en France.
"Les créances à l'Urssaf pour les cotisations sociales ne sont plus réglées, les loyers ne sont plus payés et les salaires sont versés par les fonds de garantie, on est très inquiets. On a six mois de sursis pour étudier le dossier. Et le redressement, c'est 18 mois. Mais je pense qu'on va très vite voir le jour dans ce dossier", prédit Gérald Gautier.
Inquiétude pour les salariées
Si la direction invoque le Covid-19 venu fragiliser le secteur de l'habillement, les syndicats déplorent eux des choix malheureux en amont. "Il y a eu des moments extrêmement difficiles avec le Covid-19 mais les mauvais choix ont été faits bien avant. Pendant qu'elles engrangeaient des bénéfices, les enseignes auraient dû former les salariés, améliorer l'outil de travail, investir dans la communication et la formation. Mais elles n'ont rien fait, elles ne se sont pas renouvelées", regrette le syndicaliste.
L'inquiétude monte également autour de la situation des salariés, dont les emplois sont menacés en pleine période de réforme des retraites. Il s'agit très souvent de femmes travaillant à temps partiel, "à qui on ne propose pas de travail à temps plein et souvent en foyer monoparental", explique Gérald Gautier.
"Ce sont des gens qui vont avoir des trous dans leur carrière et n'arriveront jamais à cotiser suffisamment et ne bénéficieront jamais d'une retraite à taux plein. C'est la double peine, elles vont perdre leur emploi et quand elles vont arriver à la retraite, elles n'auront jamais cotisé assez de trimestres pour prétendre à une retraite à taux plein", précise le syndicaliste.
Le secteur de l'habillement reste très marqué en France par la liquidation judiciaire subite de Camaïeu fin septembre, menant au licenciement de 2.100 salariés. Mais aussi par le cas de GoSport, déclaré mi-janvier en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Grenoble.