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Grève des routiers: "On a des responsabilités de ministre pour un salaire de femme de ménage"

Des routiers bloquent une route d'accès au marché de gros de Corbas, près de Lyon, dimanche soir.

Des routiers bloquent une route d'accès au marché de gros de Corbas, près de Lyon, dimanche soir. - AFP

Les routiers ont démarré dans la nuit de dimanche à lundi une grève reconductible pour réclamer des augmentations de salaires, en menant des opérations escargots ou des blocages de sites industriels ou de dépôts pétroliers. Ce lundi, RMC est à la rencontre de grévistes. Témoignages.

Opérations escargot, blocage de sites industriels ou de dépôts pétroliers, barrages filtrants…: les routiers ont entamé ce dimanche soir un mouvement de grève reconductible. Un véritable bras de fer lancé à l'appel de l'intersyndicale CGT, FO, CFTC et CFE-CGC afin de réclamer des augmentations de salaires. Concrètement, alors que le patronat propose une hausse de 1% de leurs revenus, les routiers exigent 5% et dénoncent la "smicardisation" des professions de la route.

Ainsi, une cinquantaine d'actions vont avoir lieu sur l'ensemble du territoire dans ce lundi, notamment à Bordeaux, Toulouse, Lille, Marseille, Metz, Reims, Lyon ou encore en région parisienne. Abderrahmane, chauffeur dans le transport d'hydrocarbures, détaille sur RMC les raisons de cette grève. "Cela fait trois ans que nos salaires n'ont pas été revalorisés alors même que nos responsabilités sont de jour en jour plus importantes. On estime donc qu'il y a un manque de reconnaissance envers la profession", assure-t-il.

"Les routiers sont des travailleurs pauvres"

Dans Bourdin Direct, Pierre, 33 ans de profession derrière lui, ne dit pas autre chose: "Pour 200 heures travaillées, on doit être autour de 1 600-1 700 euros net, pas plus. Cela ne suffit évidemment pas". Pour preuve, "avant je pouvais me permettre que ma femme ne travaille pas, maintenant elle travaille et en plus on n'arrive pas à s'en sortir". Pierre confirme aussi que les responsabilités sont de plus en plus lourdes.

"On est responsables de notre marchandise, du camion et presque des autres usagers de la route… On se défausse totalement sur nous", se plaint-il. Et d'oser une comparaison: "On a des responsabilités de ministre pour un salaire de femme de ménage donc on ne s'en sort pas". C'est pourquoi Rida Chabbi, membre de la CGT des Transports de marchandise, dresse un tableau noir de la profession: "Les routiers font partie des travailleurs pauvres".

"Le mouvement va tuer les petits patrons"

Mais tous les chauffeurs routiers ne partagent pas cette analyse. De nombreux chauffeurs ont appelé RMC pour dire leur opposition à ce mouvement. C'est le cas de Guillaume, qui a commencé par détailler son salaire. "Pour 208 heures par mois, je touche un salaire net hors frais de déplacement de 1.850 euros. Cela fait 2.800 euros en comptant les frais de déplacements". Comment voulez-vous demander à un patron d'augmenter les salaires et de payer les charges qui vont avec en sachant que certains petits patrons (30 – 50 chauffeurs), n'arrivent plus à s'en sortir ? Le transport ne paie plus. Quand on voit les pays de l'est faire les mêmes prestations que nous avec des salaires deux fois moins chers, comment voulez-vous lutter".

Maxime Ricard avec Gwenaël Windrestin