Accueil de réfugiés afghans: certains maires se mobilisent et veulent ruser pour obtenir des visas
Alors que les premiers Afghans, exfiltrés de Kaboul par la France, ont atterri à Paris mercredi soir après le retour au pouvoir des talibans, plusieurs maires leur tendent les bras. Cette prise de position intervient deux jours après l'allocution télévisée d'Emmanuel Macron, qui avait assuré que le "devoir" et la "dignité" de la France était "de protéger celles et ceux qui sont les plus menacés", avant d'ajouter vouloir "anticiper" et "nous protéger contre les flux migratoires irréguliers importants" à venir.
Une douzaine de maires se préparent donc et certains croient avoir une technique bien rôdée pour permettre l'obtention de visas. C'est notamment le cas de l'écologiste Pierre Hurmic à Bordeaux:
"Actuellement j'ai 4 familles, 19 personnes donc, qui sont désireuses d'une intervention du maire de Bordeaux. J'ai décidé que nous organiserions des échanges culturels franco-afghans et que ces personnes étaient invitées pour participer à ces manifestations. Car c'est la procédure à suivre. Pour obtenir un visa, il ne faut pas un hébergement mais une invitation précise sur un territoire précis", assure l'élu.
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"On ne peut pas se permettre d'accueillir tout et n'importe quoi dans notre pays"
Il n'en fallait pas plus pour raviver un vieux serpent de mer politique : le débat, toujours aussi sensible, sur l'immigration: "Ces maires sont des irresponsables". Sans surprise, le maire Rassemblement National d'Hayange, en Moselle, Fabien Engelmann s'inquiète d'une crise migratoire à venir:
"Nous n'avons plus les moyens d'accueillir toute la misère du monde. Quand on voit déjà le nombre de chômeurs dans notre pays, le nombre de SDF français qui vivent à la rue, on ne peut pas se permettre d'accueillir tout et n'importe quoi dans notre pays".
10.000 demandes d'asile d'Afghans par an
Mais en fait, quelle que soit leur opinion, les maires n'ont en réalité pas beaucoup de marge de manœuvre: la décision d'accueillir ou non des migrants dépend de l'Etat. Les associations de défense des migrants réclament donc de l'"humanité" et de la "dignité":
"Quand vous voyez comment à Paris ils sont pourchassés par la police, ils ne sont pas considérés avec dignité. Ces personnes ont des droits humains, il y a des conventions internationales dont la France est signataire et on doit les respecter. Cela passe par un accueil, un hébergement, un toit. Ces personnes demandent peu et je pense que l'on a largement la capacité de construire petit à petit cet accueil".
Selon l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), la France reçoit chaque année près de 10.000 demandes d'asile d'Afghans. En moyenne, 90% d'entre elles aboutissent.
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