RMC

Brexit: "Ce débat divise les couples et les familles, c'est destructeur"

RMC
Le Royaume-Uni se prépare à voter mercredi pour ou contre le "Brexit", pour ou contre son maintien dans l’Union européenne. Le meurtre de la députée pro-européenne Jo Cox jeudi semble avoir influé ce vif débat puisque les partisans du "In" semblent avoir désormais l’avantage.

Au Royaume-Uni, le débat sur la sortie du pays de l’Union européenne a repris, après trois jours de deuil consécutifs au meurtre de la députée pro-européenne Jo Cox. La campagne repart, mais les cartes semblent avoir été rebattues par ce drame. Les sondages suggèrent désormais un glissement en faveur d’un maintien dans l’Union européenne.

La moyenne des six derniers sondages, réalisés entre le 10 et le 18 juin, donc avant et après la mort de Jo Cox, donne les deux camps à égalité, alors que ces dernières semaines, le camp favorable au départ de l’UE avait un léger avantage.

"On avait besoin de cette pause"

Un seul sondage place le "In" devant le "Out" (45% contre 42%) sur les trois derniers réalisés sur trois jours, dont un jour avant le meurtre. Le "In" semble donc revenir dans la course. Mais c'est sans compter les 9 millions d’électeurs encore indécis.

"On avait besoin de cette pause, pour que les gens réfléchissent vraiment à ce qui est en jeu ici, qu’on arrête de parler d’immigration de manière si négative et pour que les débats s’apaisent", explique Natalia, qui dirige une petite équipe de militants anti-Brexit. Rencontrée sur les bords de la Tamise, à Londres, elle a retrouvé son t-shirt bleu et ses tracts aux couleurs de l’Europe après trois jours de pause.

Des positions irréconciliables

Si le climat entre les partisans du maintien et ceux de la sortie semble plus apaisé que ces dernières semaines, sur le fond, les positions des pro et anti-Brexit semblent irréconciliables. Souveraineté retrouvée et immigration contrôlée d’un côté, catastrophe économique de l’autre.

"Vous devez comprendre que si on sort de l’Europe, il y a aura de vrais conséquences économiques pour les plus pauvres", explique ainsi un militant pro-Brexit rencontré à Londres. "Mais non, on pourra très bien se débrouiller tout seuls, la souveraineté nous appartient, quel qu’en soit le prix, je suis prêt à payer", rétorque un partisan du "out".

"Ils ont fait monter le nationalisme"

Des discussions passionnées comme celle-ci, c’est le quotidien de Jim depuis des semaines. Européen convaincu, il fait campagne dans la rue mais aussi chez lui. "Ce débat, il ne divise pas seulement le pays, il divise aussi les couples et les familles. C’est totalement destructeur. Vous voulez savoir ce que je veux vraiment? Que ce referendum n’ait jamais existé." Jim est éprouvé par cette campagne, presque épuisé, et il n’est pas le seul. A 74 ans, George n’avait jamais connu ça.

"Je n’ai jamais vu autant d’engouement pour la politique ici, jamais. Mais ceux qui dirigent la campagne, ils ont fait ce qu’Hitler a fait: ils ont joué sur les émotions, ils ont fait monter le nationalisme, c’est terrible. C’est indispensable qu’on reste dans l’Europe si on veut vivre en paix", conclut-il.

Dernier avertissement

Mercredi, un rassemblement sera organisé à 16 heures à Trafalgar Square, dans le centre de Londres, en hommage à Jo Cox. Le lendemain, les électeurs auront quant à eux jusqu’à 23 heures pour se prononcer sur la question qui brûle toutes les lèvres: "Should the United Kingdom remain a member of the European Union or leave the European Union?", "Le Royaume-Uni doit-il rester membre de l'Union européenne ou quitter l'Union européenne ?"

Dimanche, le premier ministre David Cameron a averti une dernière fois les électeurs: "Si on part, c'est pour toujours, il n'y a pas de retour possible".

Charlie Vandekerkhove avec Amélie Rosique