"C'est du délire": le gouvernement en lutte contre les petits colis de Shein et Temu, non-taxés en France

Le gouvernement veut lutter contre l'afflux de petits colis chinois notamment de Shein et Temu, ces sites chinois de vêtements, accessoires et meubles ultra low-cost. Le ministre de l'Économie et plusieurs ministres se rendent ce mardi matin à l'aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, principale porte d'entrée en France de ces colis.
Les ministres vont "observer le travail des douaniers et annoncer leur plan de bataille" pour alerter les consommateurs et renforcer les contrôles.
En France, 800 millions de colis d’une valeur inférieure à 150 euros ont été livrés l’an dernier selon Bercy sur un total de 1,5 milliard de colis. L'an dernier, près d'un quart des colis pris en charge par La Poste provenaient de ventes de Shein, Temu et AliExpress.
Des plateformes qui sont aujourd'hui exemptées de droits de douane pour les colis à faible valeur.
"Nous, au contraire des Etats-Unis, on attend"
"C'est du délire. Si on prend ce chiffre de 800 millions et si on mettait une taxe ne serait-ce que de quatre euros ou cinq euros, vous arrivez à quatre milliards d'euros. Donc les milliards ils sont là, mais on ne va pas les chercher déjà parce qu'on n'est pas très réactif. Nous, au contraire des Etats-Unis, on attend et pendant ce temps là on a les commerçants français qui se lamentent et qui payent taxes sur la logistique sur le commerce physique", dénonce sur RMC Frank Rosenthal, expert grande consommation et commerce.
Alors Bercy promet des annonces concrètes pour lutter contre une forme de "concurrence déloyale". Premier objectif, alerter le consommateur. D'abord sur la quantité de ces colis qui arrivent via ces plateformes asiatiques: 12 millions de colis d'une valeur de moins de 150 euros arrivent chaque jour dans l'Union européenne. Ça a doublé en un an.
Une taxation prévue pour 2028
Et puis le gouvernement veut "montrer ce qui se cache derrière" ces prix très bas, explique-t-on à Bercy. Un enjeu de conformité des produits qui ne respectent pas toujours les normes environnementales et de sécurité. Le tout sans pour autant culpabiliser les consommateurs, dit-on dans l'entourage du ministre de l'Économie.
Le principal levier d'action reste celui de la taxation qui se joue, à l'échelle européenne. Bruxelles a déjà annoncé vouloir taxer les colis de moins de 150 euros qui sont exemptés de droits de douane. La mesure est pour l'instant prévue pour 2028. Alors faut-il tenter d'accélérer le calendrier? "Il y a des lignes à faire bouger", selon Bercy.