"Shein c'est un jour, un scandale": l'Europe va ouvrir une enquête contre la plate-forme chinoise

Shein dans le viseur de Bruxelles. La plate-forme chinoise de fast fashion, qui vend des vêtements et toutes sortes de produits à très bas prix, est suspectée de ne pas respecter le droit européen sur la protection des consommateurs. La Commission européenne devrait annoncer ce mercredi l'ouverture d'une enquête, selon les informations de Bloomberg, et dont RMC a eu confirmation.
Car face à la prolifération des colis Shein en Europe, Bruxelles veut siffler la fin de la partie. La Commission avait déjà adressé en juin dernier une série de questions à la plateforme basée à Singapour pour savoir comment elle luttait contre la vente de produits contrefaits ou qui ne respectent pas les normes européennes. Visiblement les réponses n'ont pas convaincu l'Union européenne.
L'ouverture d'une enquête est une bonne nouvelle même si les autorités "ont trop tardé à réagir face à l'explosion du nombre de colis", regrette un responsable d'une fédération française de commerçants.
"Un tsunami qui double tous les ans"
Près de 5 milliards de petits paquets (la plupart venant de Chine) ont en effet atterri sur le continent en 2024, le double de l'année précédente. "Il faut arrêter le jeu, il y a un tsunami en face de nous, c'est une vague qui monte, qui double tous les ans", alerte ce mercredi sur RMC et RMC Story Yann Rivoallan, président de la fédération française du prêt-à-porter.
Au-delà des normes, Shein ne paie pas de TVA, grâce à... une règle européenne: "À la douane, un colis de plus de 150 euros part à gauche payer les taxes sur les valeurs importées et la TVA, c'est normal. De l'autre côté, Shein, ça passe tranquille", déplore Yann Rivoallan qui précise "Les petits colis, achetés sur Shein, c'est sous le seuil de 150 euros à partir duquel il faut payer la TVA. C'est le consommateur qui devrait payer ces taxes mais La Poste est submergée par ces colis et ne les fait pas payer".
"Shein c'est un jour, un scandale. Il y a le problème des taxes mais aussi de toxicité et des contrefaçons. Ce sont 12 milliards qui sont volés aux marques chaque année avec les contrefaçons sur Shein", poursuit Yann Rivoallan.
Il évoque des produits en plastique pour bébés qui sont mis sur des enfants après avoir voyagé dans la saleté de containers: "On doit stopper ceci et on doit stopper tous ces acteurs qui polluent l'environnement et détruisent des emplois".
Un ancien ministre de Macron conseiller chez Shein
Le lancement de cette enquête pourrait permettre à l'Europe d'aller plus vite contre Shein. D'abord sur la TVA: "L'Europe voulait l'abaisser en 2028 mais pourrait avancer à 2026. Il faut aussi activer la DGCCRF (la répression des fraudes, ndlr)", appelle-t-il.
Ces colis sont achetés sur Shein mais aussi Temu, une autre plateforme chinoise de vente en ligne à prix cassée, elle-même dans le collimateur de Bruxelles, visée par une autre enquête.
"Nous avons l'intention de collaborer avec la commission", a réagi un porte-parole de l'entreprise qui risque une amende. En France, Shein pourra compter sur le soutien de Christophe Castaner, l'ancien ministre de l'Intérieur d'Emmanuel Macron désormais "conseiller RSE" au sein de la plateforme chinoise.