Coup d'Etat au Gabon: quelle situation pour les Français sur place après le putsch?

Situation chaotique au Gabon. Alors que le président Ali Bongo, en poste depuis 2009, venait tout juste d'être annoncé vainqueur de l'élection présidentielle et d'être réélu pour un troisième mandat avec 64,27% des suffrages exprimé, les militaires putschistes ont décidé de placer le général Brice Oligui-Nguema "président de la transition".
Le président déchu a été placé en résidence surveillée. Dans une vidéo postée sur les réseaux sociaux, Ali Bongo appelle ses amis dans le monde entier à "faire du bruit" après son arrestation. Dans les rues de Libreville, la capitale, des foules joyeuses ont célébré la "mise à la retraite" du chef d'Etat dont la famille dirige le pays depuis 55 ans. Le putsch a été condamné par la plupart des capitales occidentales à commencer par Paris, qui dit surveiller avec "attention l'évolution de la situation".
Un peu plus d'un mois après le renversement du pouvoir au Niger, ce nouveau coup de force des militaires inquiète une partie des expatriés français sur place, même si tous assurent que les deux situations sont bien différentes.
Quelques heures après l'annonce du coup d'Etat, des centaines de Gabonais sont sortis dans les rues pour célébrer la fin du pouvoir d'Ali Bongo, le président déchu. Cette habitante laisse éclater sa joie: "C'est l'indépendance, nous sommes libres, nous avons le droit d'être libres et de s'exprimer comme on veut".
"On fait attention, on ne sort pas"
A part quelques slogans hostiles à la France, l'ambiance dans le pays reste appaisée, témoigne Anette, une Française installée au Gabon depuis une dizaine d'années.
"On fait attention, on ne sort pas. En tant que Français, on se doit de se mettre en retrait. On connaît les consignes, on a le sac à dos qui est prêt (en cas de départ d'urgence), mais on en est très loin", rassure-t-elle.
Concernant les entreprises françaises présentes sur place, c'est l'incertitude. Le groupe minier français Eramet a brièvement interrompu ses activités avant de les reprendre. TotalEnergies reste prudent. L'entreprise dit vouloir assurer la sécurité de ses salariés et de ses opérations. En mémoire, forcément, la prise d'otage de dix de leurs salariés, dont sept Français, lors des émeutes de 1990. Air France a annulé son vol Paris-Libreville mercredi soir, mais les liaisons quotidienenes doivent reprendre dès aujourd'hui.
"Il y a une ferveur populaire en faveur du putsch" selon un spécialiste
Après 55 ans de règne des Bongo père et fils, une large partie de la population semble soutenir l'initiative de l'armée. "Cela fait penser à des scènes de libération que l'on a vu ailleurs. Il y a une ferveur populaire en faveur du putsch. C'est la fin de la dynastie Bongo qui compte pour la population", analyse Michel Gali, politologue, spécialiste de l'Afrique subsaharienne.
Signe de la bonne volontée des putschistes, les chaines RFI et France 24 ont été rétablies au Gabon, deux jours après avoir été suspendues par le gouvernement d'Ali Bongo.