Crise diplomatique avec le Qatar: "Il y a des réactions exagérées, les supermarchés sont pris d'assaut"

L'Arabie Saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn, le Yémen et l'Egypte ont annoncé ce lundi entamer une rupture diplomatique avec le Qatar, accusant cet Etat de "soutenir le terrorisme". Une crise diplomatique qui a pour conséquences d'isoler le pays et de provoquer des files d'attente interminables dans les supermarchés comme le raconte Elise, expatriée française à Doha.

Elise (prénom d'emprunt), 30 ans, est expatriée au Qatar depuis un an. Elle raconte pour RMC.fr les conséquences de la crise diplomatique sur sa vie quotidienne.

"Je vis au Qatar depuis un peu plus d'un an. Depuis mon arrivée, je n'ai eu aucun problème. Je menais ma vie d'expatriée sans aucun souci, la seule contrainte étant de s'habituer aux us et coutumes locales. Et, ce lundi, alors que personne ne s'attendait à ça, on a appris que l'Arabie Saoudite et ses alliés rompaient leurs relations diplomatiques avec le pays. Ça a vraiment été une surprise pour tout le monde sur place. D'autant plus que ce genre d'information n'est absolument pas communiquée dans les médias. Je pense qu'ils ont d'ailleurs pour ordre de ne pas en parler tant que le gouvernement ne se sera pas prononcé sur la situation.

"Plus aucun avion ne part ou n'arrive à l'aéroport de Doha"

Nous, en tant qu’expatriés, nous avons reçu, ce lundi, un mail de l'ambassade de France nous disant qu'ils nous informeraient en temps et en heure. Aujourd'hui, on en a reçu un autre nous disant qu'il n'y avait aucun risque, qu'il ne fallait pas s'inquiéter, que rien ne changeait, qu'il ne fallait pas s'affoler. Il y a toutefois une nouvelle donne à prendre en compte: les liaisons aériennes directes pour aller aux Emirats arabes unis, en Arabie Saoudite, au Bahreïn, au Yémen et en Egypte sont coupées. Plus aucun avion ne part ou n'arrive à l'aéroport de Doha. Ce qui forcément bouscule quelque peu le trafic aérien.

Par exemple, un de mes collègues s'est rendu à Dubaï hier. Pour rentrer, il a dû prendre un avion à 2h00, passer par le Koweït pour arriver à Doha. De ce point de vue-là, c'est un peu la crise d'autant plus que le Qatar est une grosse plateforme aérienne. Beaucoup de gens travaillent à Doha et vivent à Dubaï, ou inversement donc cela a des conséquences pour eux. Mais cela a aussi des répercussions directes sur le business. Dans ma société par exemple, beaucoup de nos fournisseurs sont à Dubaï, pour continuer à travailler il va falloir trouver un autre moyen de faire les livraisons. Et comme la frontière terrestre avec l'Arabie Saoudite est aussi bloquée…

"Pour l'heure, je ne me sens pas directement touchée"

La crise a pour autre conséquence que les supermarchés sont pris d'assaut. Lundi, il y a eu beaucoup de messages pour dire que dans tel ou tel magasin il n'y avait plus de poulet, ni de légumes (des produits importés directement d'Arabie Saoudite). Les gens se sont donc dit qu'il fallait absolument faire des courses parce que sinon les rayons seraient vides. Ma patronne a passé près de deux heures en caisse tellement il y avait du monde dans les grandes surfaces. Mais ce sont des réactions complètement exagérées. C'est le même genre de crise de panique quand, en France, quelques stations-service sont en rupture de stock d'essence. Tout le monde se rue pour faire le plein. C'est un peu ridicule, je trouve.

En réalité, il s'avère que le Qatar, depuis la crise avec le Koweït en 2014, a fait d'importantes réserves de nourriture. Ils semblent préparés à ce genre de crise. Ce n'est donc pas demain qu'il devrait y avoir des ruptures de stock dans les supermarchés. Cependant, on risque prochainement de ressentir cette crise diplomatique en termes de prix car ceux-ci risquent d'augmenter. Mais, pour l'heure, je ne me sens pas directement touchée. Je n'ai pas changé mon comportement depuis hier. Le jour où je sens que c'est vraiment grave, je m'en irai. Là, en l'occurrence, cette crise sera peut-être finie dans deux semaines, un mois".

Propos recueillis par Maxime Ricard