Crise en mer Rouge: l'UE lance une nouvelle mission militaire dans cette zone stratégique

L’Union européenne va lancer une mission militaire pour protéger le trafic maritime en mer Rouge, une région du monde où les tensions sont extrêmement fortes. Ces tensions se concentrent entre le golfe d’Aden et la mer Rouge, un passage étroit entre, d’un côté, la péninsule arabique et de l’autre, l’Afrique de l’Est, avec tout au bout, le canal de Suez qui permet de relier la mer Méditerranée à l’océan Indien.
Un lieu stratégique pour le commerce mondial
Il s'agit d'un lieu éminemment stratégique. 15% du trafic mondial passe par ce point géographique: des tankers qui apportent les hydrocarbures, des porte-conteneurs géants qui transportent tous les produits fabriqués en Asie et que nous achetons. C’est presque les trois quarts des importations européennes qui transitent habituellement par la mer Rouge et le canal de Suez.
Habituellement parce que depuis le début de cette crise , il y a trois mois, le trafic maritime s’est effondré. L'Égypte estime cette baisse entre -40% et -50%. Le pays voit ses revenus tirés du canal dégringoler.
Cette diminution s'explique par les attaques quasi-quotidiennes de bateaux. Par mesure de sécurité, ils sont conduits à faire le tour de l’Afrique pour éviter la zone. Cela prend deux semaines de plus, et à la fin, cela impacte directement le prix des produits que nous achetons.
Ces attaques sont menées contre les navires occidentaux par les Houthis, groupe rebelle islamiste qui contrôle une partie du Yémen. Un groupe soutenu et armé par l’Iran, et qui a pris fait et cause pour les Palestiniens de Gaza. Elles déclenchent en représailles des opérations israéliennes.
Ces frappes ont visé encore lundi plusieurs navires: deux bateaux américains ont été ciblés par des missiles, un navire britannique également. Les Houthis revendiquent aussi avoir abattu un avion américain, mais cela n’a jamais été confirmé par Washington.
Plusieurs opérations mises en place
L’objectif affiché par la présidente de la Commission européenne Ursula Von Der Leyen est "d'assurer la liberté de navigation en mer Rouge", avec cette opération militaire, intitulée "Aspides" (cela signifie "bouclier" en grec ancien), et lancée pour un an, renouvelable.
Cette opération n'est pas la seule dans la zone. Les Américains ont été les premiers à lancer une force internationale, dès le mois de décembre, baptisée "Les gardiens de la prospérité". Mais en fait l’armée américaine n’a reçu que peu de renforts venus des alliés : seuls les Britanniques ont envoyé un destroyer. C’est le seul pays occidental qui a accepté de participer aux frappes menées par l’armée des États-Unis. Au mois de janvier, plusieurs cibles des rebelles houthistes ont été bombardées : des radars, des infrastructures de drones, et des missiles sur le sol yéménite.
Les autres pays européens, eux, ont préféré jouer la prudence en restant à l’écart pour éviter d'alimenter le risque d’escalade dans la région. La France a notamment refusé de participer à ces bombardements.
Mais l’armée française a tout de même envoyé des moyens. La frégate anti sous-marine Languedoc mène des patrouilles et escorte des navires de commerce. Elle a déjà fait usage de ses armes, mais uniquement pour se défendre, en détruisant des drones d’attaques envoyés par les rebelles.
Un changement de stratégie européenne?
Avec cette opération, il ne sera toujours pas question d’aller attaquer les rebelles houthistes. Cette mission européenne va permettre surtout de coordonner les moyens envoyés par différents pays européens. La France va y participer, tout comme l’Allemagne, l’Italie ou la Belgique.
Les 27 se sont mis d’accord sur leurs missions: surveillance et patrouilles en mer Rouge et il est bien spécifié que leur mandat reste purement défensif. Cette force européenne ne sera autorisée à faire feu que si elle est attaquée, ou pour protéger les navires marchands, mais ne pourra pas viser les positions terrestres des Houthis comme le font les Américains.
Une frégate allemande est déjà en route. Elle est partie au début du mois pour rejoindre la zone. La Belgique va aussi en envoyer une. La France a déjà un navire en mer Rouge et peut aussi s’appuyer sur les 1.500 soldats français basés à Djibouti, juste en face du Yémen.