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Crise en Ukraine: pourquoi les territoires de Donetsk et Lougansk sont stratégiques pour la Russie

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Vladimir Poutine a confirmé dans une allocution télévisée ce lundi sa décision de reconnaître l’indépendance des régions séparatistes prorusses de l’est de l’Ukraine. Des territoires à la frontière de la Russie qui peuvent donc demander désormais de l'aide à leur voisin.

Lundi soir, à l'issue d'un discours de plus d'une heure en direct à la télévision, Vladimir Poutine, le président russe, a reconnu l'indépendance des républiques séparatistes pro-russes de Donetsk et de Lougansk dans l'Est de l'Ukraine. Il a ordonné à l'armée russe d'y entrer pour dit-il "maintenir la paix dans ces territoires".

Si ces régions ont été ciblées par Vladimir Poutine, c’est d’abord parce qu’elles ont une frontière directe avec la Russie. Ces deux “républiques” sont situées tout à l'est de l'Ukraine.

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Ensuite, parce qu'elles sont très majoritairement russophones. La plupart des quatre millions d'habitants qui y vivent ne se sentent pas ukrainiens. Pour preuve, elles ont même fait sécession il y a huit ans. Ces deux “républiques” soutenues par Moscou, avaient alors très majoritairement voté pour l'indépendance, à plus de 90%, lors d'un référendum d'autodétermination. Ce référendum, qui n'avait pas été reconnu par la communauté internationale, avait provoqué un conflit meurtrier entre ces régions et le gouvernement de Kiev. Depuis, des négociations étaient ouvertes pour que ces deux territoires reviennent dans le giron ukrainien.

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Drapeaux russes et feux d'artifice à Donetsk

Autre élément qu’il faut prendre en compte pour comprendre l’origine du conflit, la volonté de l'Ukraine de rejoindre l'OTAN. Une situation impensable pour Vladimir Poutine qui a donc reconnu lundi soir l'indépendance de ces deux “républiques”.

Sur place, le discours du président russe a été très bien accueilli. Ça s'est vu notamment dans les rues de Donetsk lundi soir, où on a sorti les drapeaux russes, des feux d'artifice ont même été tirés, et les habitants qui étaient d'accord pour parler étaient absolument ravis.

“C’est un moment que je vais raconter à mes enfants. C’est pourquoi je vais essayer de graver cet instant dans ma tête. Il n’y a pas de mot, je suis heureux, si heureux”, indique un habitant. “C’est indescriptible, ce sont des émotions inoubliables. Ça fait huit ans que ça durait et enfin, on peut le dire, nous sommes le peuple de la république de Donetsk”, ajoute un autre.

Comment réagissent les autorités ukrainiennes ?

Côté ukrainien, la réaction ne s'est pas fait attendre. Juste après le discours de Vladimir Poutine, le président ukrainien Volodymyr Zelensky s'est, lui aussi, adressé à son peuple. Il a pris la parole, très tard lundi soir en direct à la télévision, pour y dénoncer ce qu'il considère être "une violation de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de l'Ukraine".

Et sa réponse à la décision de Moscou a été très ferme. “Les Ukrainiens n'ont peur de rien ni de personne", a-t-il annoncé. Avant de prévenir que son pays ne céderait pas "une seule parcelle de son territoire".

Cette tension, paradoxalement, on ne la retrouve pas vraiment pour le moment, dans les discours des habitants de la partie du Donbass qui est restée fidèle au gouvernement de Kiev.

“Je ne suis pas effrayé. Je suis sûr à 90% que cette guerre n’aura pas lieu. Les conséquences pour Poutine seraient trop importantes donc il n’y a pas de risque”, indique un Ukrainien. “Poutine veut juste nous effrayer. Il parle depuis 40 ans pour ne rien faire. En ce moment, tout est calme, c’est juste de l’intimidation”, assure un autre.

Reconnaître l'indépendance de ces deux “républiques” a pourtant une conséquence directe. Ces territoires pro-russes sont désormais considérés par Moscou comme des Etats souverains, et ils peuvent donc demander de l'aide à la Russie. Une aide qui peut notamment être militaire.

C'est déjà arrivé à la Crimée en 2014. Moscou avait reconnu l'indépendance de cette gigantesque presqu'île au sud de l'Ukraine. Un territoire stratégique au bord de la Mer noire, que la Russie avait ensuite annexé. 

Alfred Aurenche avec Guillaume Descours