"Expliquez-nous": pourquoi les USA sont gangrénés par le racisme

Un noir américain vit trois ans et demi de moins qu’un blanc. Un noir américain a deux fois plus de risques actuellement de mourir du coronavirus. Un noir américain a deux fois plus de chance d’être au chômage. Un noir américain gagne en moyenne 2.000 euros par mois de moins qu’un blanc. Salaire médian de 5.300 euros pour les blancs, 3.300 euros pour les noirs.
Pour un crime égal, un noir américain sera condamné à une peine plus longue de 20% qu’un blanc. Les noirs sont six fois plus nombreux à être incarcérés. Un enfant noir à sa naissance à une chance sur trois de passer un jour par la case prison. Et d’ailleurs, 11% des ces enfants noirs ont un de leur parents actuellement en prison.
Les blancs et les noirs vivent côte à côte, mais pas ensemble
Sans parler bien sûr des violences policiers et des victimes de bavures, on a donné les chiffres mardi. A population égale, il y a deux fois plus de noirs que de blancs abattus par la police.
L’Amérique est le pays des inégalités raciales. Les blancs et les noirs vivent côte à côte, mais pas ensemble. Le dimanche à la messe, il n’y pas un blanc dans les églises noires et pas un noir dans les églises blanches. Et c‘est comme ça depuis toujours.
Le racisme et la ségrégation font parti de l’histoire américaine. Et ce n’est pas de l’histoire ancienne: tous les américains d’aujourd’hui ont des grands parents qui leur ont raconté la ségregation. C’est à dire que lorsqu’ils étaient jeunes, dans les autobus un noir devait se lever pour laisser sa place à un blanc.
Jusqu’en 1965, à l’entrée des jardins publics dans les Etats du sud, on pouvait lire: “Interdit aux chiens et aux nègres”. Les noirs n’avaient le droit de boire dans les fontaines publiques. Ni d’entrer dans la majorité des restaurants. Un blanc et un noir ne pouvaient pas partager un taxi. Il y avait des cimetières pour les blancs et d’autres pour les noirs.
Jusqu’en 1964, les noirs n’avaient pas le droit de vote. Lorsque les noirs ont enfin obtenu le droit de s’inscrire à l’université dans les années soixante, l'armée a dû intervenir pour disperser les étudiants blancs qui leur refusaient l'accès. Et James Meredith le premier noir a être admis à l’université du Mississipi a été protégé par la police pendant toute la durée de ses études.
Le couple Loving ouvre la voie aux mariages mixtes qu'en 1967
En 1967, un certain monsieur Loving qui était blanc et qui vivait en Virginie a voulu se marier avec une noire. Mais comme les mariages mixtes étaient interdits, ils se sont rendus à New-York.
A son retour, le couple a été dénoncé à la police par des voisins. Dès le premier soir. Monsieur et madame Loving ont été arrêtés, jugés et condamnés à un an de prison. Mais dispensés de peine s’ils acceptaient de quitter l’état. Ce qu’il ont fait. ils ont ensuite porté plainte et gagné.
C’est l'arrêt “Loving” contre l’Etat de Virginie qui a autorisé les mariages mixtes sur tout le territoire américain en juin 1967. Barrack Obama avait six ans. Donald Trump 21 ans. L’actuel président américain a donc bien connu l’époque où les noirs se levaient pour laisser leur place aux blancs.
Donald Trump lui-même raciste ?
Évidemment! Encore ces jours-ci il a déclaré: "Quand les pillages commencent, il faut commencer à tirer". Ce qui est mot pour mot la citation d’un chef de la police extrêmement raciste en Floride dans les années 1960. Il a aussi dit en parlant de quatre femmes députées noires ou d’origine étrangère: qu’elles repartent d'où elles viennent.
A propos des immigrants mexicains, il a dit pendant sa campagne: "Ils apportent la drogue et le crime. Ce sont des violeurs, même s’il peut y avoir des gens bien parmi eux."
Il avait confié à un biographe qu’il détestait l’idée d’avoir un comptable noir, “Je hais l'idée qu'un noir s’occupe de mon argent. Parce qu’il sont tous paresseux.”
En 1989, cinq très jeunes adolescents noirs avaient été arrêté après le viol et le meurtre d’une joggeuse dans Central park à New-York. Donald Trump avait alors dépensé 90.000 dollars de publicité dans les journaux pour réclamer le rétablissement de la peine de mort.
Finalement, les 5 garçons ont été innocentés et libérés après l’arrestation et les aveux du vrai coupable. Donald Trump ne s’est jamais excusé et aujourd’hui encore, il dit qu’il y a un doute. Alors qu’il n’y en a aucun.
Enfin, en 1973, alors qu’il commençait sa carrière de promoteur au côté de son père milliardaire, ils ont ensemble été condamnés pour discrimination raciale dans l'attribution des logements. Son père qui était un ancien membre du Ku Klux Klan, la plus violente des organisations racistes et suprémacistes blanches.
Voilà le contexte des manifestations actuelles dans un pays qui a un lourd passé et un président pas clair.