Des policiers américains mettent un genou à terre face aux manifestants: "Je l'aurais fait si c'était possible", assure ce commissaire français
Des incidents ont éclaté mardi soir à Paris en marge d'une manifestation interdite de 20.000 personnes dénonçant les violences policières, organisée à l'initiative des proches d'Adama Traoré, jeune homme décédé lors de son arrestation en 2016.
Le contexte de défiance et de tension liées aux violences policière a été mis en exergue après la mort de George Floyd aux USA la semaine dernière ce qui a conduit à des manifestations parfois violentes outre-Atlantique.
"Quand on est avec une foule qui accepte le dialogue, ce signal-là où ils ont tous mis le genou à terre, c’est un signal de paix"
Quelques images de ces manifestations ont marqué les esprits aux yeux du monde, comme celles de policiers se mêlant aux manifestants pour mettre un genou à terre en hommage à la mort de George Floyd et en forme contestation de la violence policière.
David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale et invité de RMC ce mercredi matin, estime qu'il ferait de même dans les conditions américaines.
"Dans les conditions dans lesquelles j’ai vu certains chefs de police le faire aux USA, je le ferais car la foule avec laquelle ils ont communié était pacifique et n’était pas là pour agresser la police. Quand on est avec une foule qui accepte le dialogue, ce signal là où ils ont tous mis le genou à terre, c’est un signal de paix, je l’aurais fait si c’était possible."
"Rien n'est comparable entre les Etats-Unis et la France"
En revanche, le commissaire estime que la situation américaine n'est absolument pas comparable avec la France.
"Rien n'est comparable entre les Etats-Unis et la France. Aux USA il y a plus de 15.000 polices, il n’y a pas de police nationale. Les chefs de police sont élus localement, et sont donc des chefs politiques. Il y en de droite, de gauche, des bons, des mauvais. Il y a plus de 1.000 morts aux USA par l’action de la police, les méthodes ne sont pas du tout les mêmes. Dans un refus d'obtempérer, si vous enlevez les mains du volant vous pouvez prendre une balle.
En France ce sont des policiers républicains qui répondent à une institution régalienne et le nombre de morts causés par la police en France est autour de 15 à 20 en incluant les terroristes abattus dans des situations de légitime défense."
"Des parallèles totalement nauséabonds"
La manifestation qui a réuni plus de 20.000 personnes à Paris mardi soir à l'appel de la famille du jeune Adama Traoré, décédé lors d'une intervention de gendarmerie en 2016, répond donc à un climat d'opportunisme selon David Le Bars.
"Les parallèles sont dangereux et ceux qui les font essaient d’amener une situation qui n’est pas comparable. Certains soutiens (du collectif "Justice pour Adama Traoré") font ces parallèles totalement nauséabonds et ont tenté de faire venir des gens sur cette thématique. Et il y avait beaucoup de monde.
Sur les proches, la question est de savoir ce qu’ils veulent, je crois en la justice. Quand il y a trois expertises judiciaires neutres au profit de la vérité d’un côté et des expertises privées à la demande de la famille qui deviennent politiques et médiatiques: la question est de savoir si on fait confiance à la justice."
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Le secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale a conclu en ne niant pas le problème du racisme en France, un problème sociétal qui n'épargne logiquement pas la police.
"Il n'y a aucun endroit où l'on pourrait affirmer qu’il n’y a pas de racisme. Quand bien même on aurait des policiers racistes, c’est marginal, je trouve qu’on peut être fiers de cette police aux couleurs de la population, et je dénonce et conteste le côté systémique d’une police raciste."