Grèce: "Arrêtez de jouer avec notre économie !"

Des milliers de personnes se sont rassemblées lundi soir devant le Parlement - ARIS MESSINIS / AFP
Sortie de crise en vue entre la Grèce et l'Europe, mais toujours pas d'accord final. Tel est le bilan des quatre heures de négociations, ce lundi, entre Alexis Tsipras, le Premier ministre grec, et les dirigeants européens. Si aucun accord définitif n'a été conclu, le risque d'une faillite de la Grèce au 30 juin prochain s'éloigne toutefois considérablement. Mais à Athènes, face à l'incertitude, les Grecs, eux, sont gagnés par la lassitude.
"Tellement de fois ils nous ont dit 'Aujourd’hui, c’est sûr, on va trouver un compromis'. Et puis le lendemain, ils nous disent, 'Non finalement ce sera la semaine prochaine', puis le mois prochain… C’est tout le temps la même chose. Moi je ne crois plus personne", déclare, anxieuse, Magda au milieu des milliers de personnes venues manifester devant le Parlement pour réclamer le maintien de la Grèce dans la zone euro.
"Il ne se passe plus rien"
Une situation confuse qui pèse aussi sur le moral de Christos. "On ne peut rien prévoir, parce qu’on ne sait pas ce qui va advenir de nous le mois prochain, s'agace-t-il Ce sont des petites choses. Par exemple: est-ce que je peux partir quelques jours en vacances ? Est-ce que je peux changer de travail ? Est-ce que je peux acheter telle ou telle chose, une voiture par exemple? Tant qu’on n’a pas trouvé d’accord avec l’Europe, on attend. C’est épuisant. On a tous arrêté de respirer en attendant un accord. C'est pourquoi, je leur dis: 'Prenez une décision, quelle qu’elle soit, mais prenez une décision'."
Au milieu de la foule, Petros fait lui aussi part de son exaspération quant au flou entourant la situation de son pays. "On ne sait plus qui croire: notre propre gouvernement, les Européens ou le FMI. On en arrive à un point où on a envie de dire 'Ça suffit ! Arrêtez de jouer avec nous ! Et surtout arrêtez de jouer avec notre économie !'" Las, il ajoute: "J'ai une petite entreprise et depuis deux mois personne n'achète plus rien. Il ne se passe plus rien. Tout le monde attend de voir comment vont se dérouler les négociations… Un jour, c'est oui. L'autre, c'est non… Ça a beaucoup trop duré".