Immigration et visas: pourquoi la France met la pression sur le Maroc, l'Algérie et la Tunisie

Des pays monnayent leur visa ou passeport. - Katyveldhorst - Pixabay
Coup de poing sur la table. Paris a décidé de durcir les conditions d'obtention des visas à l'égard du Maroc, de l'Algérie et de la Tunisie qui "refusent" de délivrer les laisser-passer consulaires nécessaires au retour des immigrés refoulés de France, a annoncé mardi le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal.
"C'est une décision drastique, c'est une décision inédite, mais c'est une décision rendue nécessaire par le fait que ces pays n'acceptent pas de reprendre des ressortissants que nous ne souhaitons pas et ne pouvons pas garder en France", a-t-il justifié sur Europe 1.
Il a ainsi confirmé une information de la radio qui évoquait une baisse à venir de 50% du nombre de visas délivrés pour les ressortissants du Maroc et de l'Algérie et de 33% pour ceux de Tunisie.
L'attitude de ces pays "freine l'efficacité des reconduites effectives" à la frontière une fois les obligations de quitter le territoire français (OQTF) délivrées, a-t-il déploré. Face à cela, "il y a eu un dialogue, ensuite il y a eu des menaces. Aujourd'hui on met cette menace à exécution", a-t-il expliqué.
Soulignant les visites sur ce sujet dans ces trois pays du Premier ministre Jean Castex et de membres du gouvernement, dont le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, ainsi que des réunions avec les ambassadeurs des pays concernés, il a fait valoir qu'"à un moment quand les choses ne bougent pas, nous faisons appliquer les règles".
Les "regrets" du Maroc
Interrogé sur la durée d'application de cette mesure, temporaire ou pérenne, le porte-parole du gouvernement français a indiqué qu'elle avait été "décidée il y a quelques semaines" et "va être mise à exécution" pour "pousser les pays concernés à changer de politique et accepter de délivrer ces laisser-passer consulaires". "On souhaiterait que la réaction soit davantage de coopération avec la France pour qu'on puisse faire appliquer nos règles migratoires", a insisté Gabriel Attal.
Dans l'après-midi, le Maroc a dit "regretter" la décision de la France, la qualifiant d'"injustifiée".
"Nous avons pris acte de cette décision, nous la considérons comme injustifiée", a déclaré le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, lors d'une conférence de presse avec son homologue mauritanien, Ismaël Ould Cheikh Ahmed.
Reste que le nombre de visas demandés par les ressortissants de ces trois pays baisse significativement. Entre janvier et juillet 2021, 11.815 demandes algériennes ont été déposées alors qu'il y en avait 504.173 en 2019. 8.726 visas leur ont été délivrés. Côté marocain: 24.191 visas demandés et 18.579 délivrés en 2021. A titre de comparaison, en 2019, c'était 420.000 demandes, 346.000 acceptations. En Tunisie, cette année, 12.921 visas pour la France demandés, 9.140 obtenus (192.000 demandés en 2019, 145.000 obtenus). La France menace désormais de baisser de 50% ces délivrances de visas.