Incendies à Hawaï: le bilan grimpe à 93 morts, les autorités très critiquées

D'importants incendies ont ravagé l'île de Maui, à Hawaï. Ici, des maisons détruites dans la ville de Lahaina, le 10 août 2023. - Patrick T. Fallon / AFP
Ces brasiers d'une intensité et d'une vitesse exceptionnelle ont fait 93 morts à Hawaï. Un chiffre voué à augmenter, car seule une petite partie de la zone incendiée a pu être fouillée.
"Aucun de nous ne connaît encore l'ampleur" du désastre, a reconnu John Pelletier, chef de la police de Maui.
Des flammes qui ont fait fondre le métal
Les flammes ont réduit en cendres la ville balnéaire de Lahaina, avalant maisons, voitures, hôtels ou commerces. Leur chaleur était si forte que les corps retrouvés sont difficiles à identifier, a expliqué M. Pelletier. Pour l'instant, seuls deux ont pu l'être.
L'incendie "a même fait fondre le métal", a précisé le chef de la police, appelant les proches de personnes disparues à se soumettre à un test ADN, pour aider à l'identification des victimes.
Sur place, la population pense déjà à l'avenir, et s'active au milieu des débris pour nettoyer ou retrouver des bribes de leurs vies, épargnées par les flammes. 2207 bâtiments, majoritairement résidentiels, ont été détruits ou endommagés, selon l'agence fédérale chargée de la réponse aux catastrophes naturelles (Fema). Rien que pour l'incendie de Lahaina, le coût de la reconstruction est estimé à 5,52 milliards de dollars.
Les autorités très critiquées par les victimes
Les circonstances de ces incendies fulgurants, dont la cause n'est pas encore connue, restent floues. Ils ont en tout cas pris les habitants par surprise, ce que beaucoup reprochent aux autorités.
"Vous voulez savoir quand on a su qu'il y avait le feu ? Quand il est arrivé devant la maison. La montagne brûlait derrière chez nous et on nous a rien dit!", s'est agacée auprès de l'AFP, Vilma Reed.
Comme de nombreux habitants, elle n'a reçu ni alerte, ni ordre d'évacuation, à cause d'une série d'anomalies. En effet, les puissantes sirènes, utilisées notamment pour les tsunamis, sont restées muettes. Personne ne sait s'il s'agissait d'une défaillance technique ou d'une décision des opérateurs.
"D'habitude, ils mettent en marche les sirènes d'ouragan ou font quelque chose pour nous avertir. Mais là, tout le monde a évacué grâce au bouche à oreille", témoigne également Sydney à notre micro.
Les alertes officielles à la télévision et la radio, elles, étaient hors de portée pour les résidents privés d'électricité. Enfin, les téléphones, précieux relais d'information pour les autorités dans ces crises, n'ont pas pu aider, faute de réseau. Selon des habitants, l'avertissement habituellement envoyé en cas de danger météorologique ou d'alerte enlèvement n'a pas retenti sur leurs appareils.
Une enquête a été ouverte par la procureure générale sur les circonstances de l'incendie, notamment les décisions prises par les autorités. Le députée de Hawaï Jill Tokuda a déjà reconnu que les autorités avaient "sous-estimé la dangerosité et la rapidité du feu".