L'échec des centres pour migrants en Albanie voulus par la Première ministre italienne Giorgia Meloni

Des dizaines de migrants ont quitté l’Albanie pour l’Italie ce week-end. Une décision de la justice italienne qui s’oppose au projet du gouvernement de sous-traiter la procédure d’asile à l’étranger. Au mois d’octobre dernier, la marine italienne envoyait ses premiers navires de réfugiés vers l’Albanie: 16 hommes venus d’Egypte et du Bangladesh. Ils devaient emménager dans un Centre de rétention bâti pour l’occasion en attendant que leur demande d’asile soit traitée.
La première ministre italienne, Giorgia Meloni, se vantait d’innover pour l’Europe. Externaliser la gestion de l’asile, sous-traiter à l’Albanie, de l’autre côté de l’Adriatique. Au grand dam des ONG et des défenseurs des droits de l’Homme.
C’était une première et les autres pays de l’Europe, eux, regardent curieusement. Bruno Retailleau, déjà ministre de l’Intérieur accueillait l’idée avec bienveillance. Michel Barnier, encore Premier ministre, était plus sceptique quant à la conformité du procédé avec notre droit. Et c’est bien le droit qui bloque Giorgia Meloni dans son ambition. Jusqu’à présent, son projet, son accord avec l’Albanie, c’est un fiasco.
Des juges refusent d'endosser la détention de migrants en Albanie
Et c’est la justice italienne qui bloque et qui annule les déplacements de migrants les uns après les autres. Camouflet à chaque fois pour le gouvernement et drôle d’allers-retours en mer. Les migrants d’octobre ont été ramenés en Italie. Et avec la décision de ce weekend, c’est la troisième fois désormais que la première ministre italienne connaît ce revers.
Après avoir été expulsés d’Italie, samedi, 43 migrants ont quitté le port Albanais de Schengjin pour l’Italie. C’est l’effet d’une décision de la Cour d’Appel de Rome: chemin inverse donc. Des migrants originaires du Bangladesh pour l’essentiel, mais aussi d’Égypte, de Côte d’Ivoire et de Gambie.
Selon la loi italienne, peuvent être envoyés vers l’Albanie “des hommes, majeurs, originaires de pays dits sûrs”, selon une liste établie par Rome. Des conditions justifiées par le fait qu’une fois en Albanie, leur demande d’asile sera traitée selon une procédure accélérée. C’est cette notion de pays “sûr” que conteste la Cour d’Appel. La justice italienne renvoie Giorgia Meloni vers l’échelon européen. Et vers une jurisprudence de la Cour de Justice de l’Union européenne qui date du mois d’octobre dernier.
Le cas d’un moldave débouté du droit d’asile en République Tchèque. Motif: la Moldavie est un “pays sûr” pour l’essentiel de son territoire. Or, pour la Cour: "le droit de l’Union s’oppose à ce qu’un État membre désigne un pays tiers comme pays d’origine sûr seulement pour une partie de son territoire". Pour les magistrats italiens, ça empêche les expulsions organisées par Giorgia Meloni, selon une liste de “pays sûrs” définie par son gouvernement. Le Bangladesh et l’Egypte soulèvent une question en particulier.
D'autres dirigeants inspirés
C’est un dossier que l’on surveille partout en Union Européenne. Alors que l’opposition italienne dénonce une gabegie: 800 millions d’euros sur 5 ans pour l’accord Italie/Albanie qui pourraient avoir été dépensés pour rien.
Mais hors d’Italie, Giorgia Meloni semble pourtant inspirer de nombreux dirigeants européens. Les Pays-Bas semblent séduits par l’idée, où une ministre suggérait à l’automne d’envoyer les déboutés de l’Asile vers l’Ouganda, en Afrique.
Les pays scandinaves, le Danemark en particulier, plaident pour une création rapide de centres d’accueil hors Union européenne. Suivent la Pologne et l’Autriche
Une externalisation de l’Asile et de la gestion des flux de réfugiés qui pourrait donc être prochainement organisée à l’échelle de l’Union européenne. Le nouveau commissaire européen à l’immigration, l’Autrichien Magnus Brunner, a promis de se pencher sur le dossier italien, avec intérêt. “Nous devons examiner cet accord et être ouverts à de nouvelles choses”, a-t-il déclaré.